Conseils d'auteurs

Suite à mon article de la semaine dernière, je suis allée voir l'analyse de Mythcreants sur les conseils d'auteurs célèbres. Je ne rejoins pas toujours leur opinion, surtout que certaines choses valables dans le monde littéraire anglo-saxon, que ce soit sur le fonctionnement de la chaîne du livre ou dans l'écriture elle-même, ne sont pas valables en Francophonie.

Mais comme je le disais l'autre fois : tout ne convient pas à tout le monde, ceci n'est que mon avis, faites-y votre marché.




Neil Gaiman

C'est un de mes auteurs préférés, donc mon objectivité n'est absolument pas garantie 😛 (bon, en même temps, hein, c'est mon blog, donc j'y dis ce que je veux 😉).

Ecrire : parce qu'il faut écrire pour être écrivain. Alors oui, c'est vague donc on peut trouver ça inutile, mais il ne faut pas avoir peur de s'y mettre, ni peur d'être mauvais. Je le dis et le redis : un premier jet, c'est toujours plus ou moins merdique, alors pas d'inquiétude, on s'accroche et on continue.

Finir ce qu'on a écrit : c'est important parce que, selon moi, la première qualité d'un auteur, c'est la persévérance. Néanmoins, il y a des projets qui sont trop mal fichus pour mériter qu'on s'y accroche et qu'on perde du temps dessus. Disons que quand on débute sa carrière, c'est bien d'avoir la preuve qu'on est capable de mener un manuscrit jusqu'à son point final.

Ecrire avec honnêteté : Stephen King dit plus ou moins la même chose : quand on "ment" au lecteur (que ce soit en étant trop approximatif dans nos recherches, en cherchant à l'embobiner, en cherchant à lui plaire plutôt qu'à écrire quelque chose qui nous plaît à nous...), il s'en aperçoit et il n'apprécie pas.

Sinon, les autres conseils concernent plutôt la bêta-lecture, donc je ne m'étendrai pas dessus ici 🙂


Kurt Vonnegut

A ma grande honte, je ne le connais que de nom, et je n'ai jamais rien lu de lui 😳

Donner au lecteur au moins un perso auquel s'attacher : ça marche pour moi en tant que lectrice : les rares romans que je n'ai pas réussis à finir avaient des protagonistes qui m'étaient antipathiques. Parfois, je me suis accrochée quand même parce que je voulais connaître le fin mot de l'histoire, mais, en conséquence, ça m'a rarement donné une bonne opinion du bouquin en question.

Les personnages doivent vouloir quelque chose : c'est sans doute plus important dans un roman que dans une nouvelle (où ils peuvent se contenter d'être moins développés et moins actifs si l'intrigue compense), mais en effet, avoir des personnages "authentiques", avec de vrais désirs, ça donne de la profondeur à l'histoire et ça influe dessus : ça les implique dedans, ça génère des tensions, et ça joue sur l'intérêt qu'on éprouve envers eux.

Soyez sadiques : je trouve cette règle intéressante parce qu'en effet, elle dynamise les intrigues et pousse les personnages dans leurs retranchements. En revanche, je mets un caveat : n'en faites pas trop. Si les malheurs du héros semblent trop le fruit de la malchance, on sentira l'acharnement de la part de l'auteur et, personnellement, ça me fait sortir de ma lecture. Des fois, on aime que les plans se déroulent sans accrocs.

Ecrivez pour une seule personne : c'est aussi un des conseils de Stephen King : écrivez pour votre lecteur idéal (qu'il existe ou non), et plus généralement (ça rejoint un des conseils de Gaiman que je n'ai pas développé ici), écrivez des trucs qui vous plaisent à vous, ne cherchez pas à plaire au "grand public". Si c'est bon, ça trouvera ses lecteurs (et parfois même si c'est mauvais 😈).


Michael Moorcock

Je n'ai pas non plus lu beaucoup de ses oeuvres 😳 mais je le connais mieux, notamment pour sa saga Elric et l'adaptation d'icelle au jeu de rôles.

Lisez : je connais des auteurs que ce conseil bloque complètement, souvent parce qu'ils se trouvent trop mauvais ou trop peux originaux en comparaison. Pour la plupart des autres, heureusement, c'est une bonne suggestion : d'une part, en lisant dans le genre de ce qu'on écrit, on peut piocher des idées (et non, ce n'est pas du plagiat), s'imprégner des tropes du genre et voir ce qui nous y plaît ou non ; d'autre part, en lisant d'autres types de textes, on élargit nos horizons.

Introduisez vos personnages et vos thèmes dans le premier tiers : je ne saurais juger pour le côté "tiers" (plutôt que "quart" ou "moitié", par exemple), mais en effet, c'est généralement une bonne chose : ça évite d'avoir des "deus ex machina" à cause d'un personnage qui arrive brutalement en cours d'intrigue et ça permet au lecteur (et à l'éditeur, si on est dans le cadre d'une soumission en maison d'édition) de se faire une bonne idée du roman et de si ça lui plaira ou non. J'ai déjà eu le coup* d'un début de roman que j'ai trouvé "pénible" parce que les choses prenaient "trop longtemps" à se mettre en place, pour finalement adorer une fois cet écueil passé. Heureusement que je me suis accrochée, donc, mais c'est dommage d'avoir failli passer à côté d'une bonne histoire à cause d'un départ trop lent et/ou trop dispersé.

Certains autres conseils recoupent un peu ce que j'ai noté plus haut, donc je ne m'étendrai pas dessus.


Elmore Leonard

Encore un auteur que je ne connais que de nom, mais comme il écrit plutôt des thrillers que de l'Imaginaire, ce n'est pas surprenant 😉

Evitez les prologues : c'est un conseil qu'on retrouve pas mal en littérature francophone. Souvent, le prologue pourrait être un premier chapitre ou n'est en fait qu'une leçon d'Histoire pour nous présenter l'univers (ce qui est très souvent chiant, car dur à rentre intéressant). Je suis donc plutôt pour, encore que j'aime bien ceux qu'on trouve dans certains romans de Stephen King : courts, parfois cryptiques, et qui donnent un sentiment d'"anticipation"** sur des évènements qui auront lieu plus loin dans le bouquin.

Beaucoup des ses autres conseils sont stylistiques et donc pas très adaptables en français, où les coutumes ne sont pas les mêmes (exemple : n'utiliser que "dire" pour les dialogues). Je vais quand même souligner son "n'abusez pas des patois" : si je trouve plus vivant, parfois, de lire "directement" les dialogues tels qu'ils sont prononcés, il ne faut pas abuser des apostrophes et autres défauts de prononciation. Il peut être préférable de préciser "zozota-t-il abominablement" que d'écrire "voizi l'uztenzile en queztion, déclara-t-il" ; mon critère est "si ça reste lisible, ça passe", mais tout le monde n'a pas les mêmes limites que moi.



Je vais m'arrêter là, notamment parce que sur les deux articles restants, l'un est relativement parodique et l'autre ne contient rien que je trouve utile (et les auteurs du site non plus 😈).

Il y aurait sans doute d'autres trucs à ajouter (j'aime beaucoup le "touche à ton manuscrit tous les jours" de Davoust, qui marche assez bien pour moi***), mais on sort du cadre initial.

L'important là-dedans, c'est qu'à part peut-être le tout premier de ma liste, ils sont tous facultatifs : on peut écrire, et même bien écrire, sans les suivre. C'est parfois plus difficile (ou non, ça dépend des gens), mais c'est faisable. Et je vous renvoie donc à nouveau à mon article précédent 😉



* : avec Les dieux sauvages de Lionel Davoust, entre autres (un tiers dans un roman de près de mille pages, ça fait long 😛). Mais ça valait le coup de continuer 😉

** : au sens foreboding, mauvais présage.

*** : hors pandémie 😩

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