Auteur vs Réseaux sociaux : l'Ultime Combat

Depuis un peu plus d'un an, beaucoup des articles que je poste ici commencent par une variation sur le thème "je passe trop de temps sur touittère".

Mais régulièrement ils se poursuivent par "et ça m'a donné telle idée", généralement en ce qui concerne l'écriture d'"articles de fond" sur la vie d'auteur.

Dont acte ici, ce qui est très meta ^^

 

A l'origine de cet article 😉

La remarque initiale de Julien Simon est très pertinente, mine de rien : je vois passer à droite et à gauche (sur Quora, notamment), des questions sur le thème "comment écrire... ?", et ma réponse, à l'instar de celle de JS est : "écris". J'en ai déjà parlé ici et ailleurs (un exemple là) : les gens se font une fausse idée du métier d'écrivain et se découragent en constatant que leur texte n'est pas parfait (spoilers : c'est normal - mais ce n'est pas le sujet).

Cette fois, par contre, on n'est pas dans le cas "je suis intimidé par mon manuscrit" mais "je passe trop de temps à faire autre chose qu'écrire, en l'occurrence traîner sur les réseaux sociaux".

La discussion part dans deux directions : d'une part le côté social et réseautage (qu'on peut aussi considérer comme du bavardage) ; de l'autre, le glandage.

Je vais rapidement commencer par le second, parce qu'il m'intéresse moins ici 😁

Une réaction que j'ai vu passer était sur le thème "je glanderai quand je serai mort". Ca, c'est le genre de truc qui sonne très bien mais qui mène au burnout (sans parler des gens qui ne supportent pas l'inaction de la retraite après une vie passée dans le surmenage).

Par ailleurs, quand je "glande" sur touittère (ou ailleurs), ce que je fais en réalité, c'est : 

  • j'évacue mon stress en pensant à/faisant autre chose (oui, c'est à ça que servent les chatons mignons et les jeux vidéos 😉).
  • je vois des choses inspirantes (dessins, photos) qui vont alimenter mon imaginaire et donc mes futures histoires.
  • je lis/regarde des trucs instructifs qui, même s'ils ne sont pas immédiatement intégrables à mes projets en cours, fourniront aussi du terreau à de nouvelles idées.

 

Mais revenons au coeur du sujet*, à savoir l'aspect social :

Je dirais qu'il y a 2 cas de figure :

  • l'auteur qui "perd son temps" à faire sa pub sur les RS au lieu d'écrire.
  • l'auteur qui échange sur les RS à propos de ses difficultés, et qui peut potentiellement se débloquer ainsi.

Comme me l'a fait remarquer Lloyd Chéry : la pub, c'est quand même plus facile quand on a déjà un "nom" ou un gros succès derrière soi.

A ça j'ajoute "et quand on a une maison d'édition assez grosse pour pouvoir vous faire une vraie pub". Pour les autres (ceux qui sont autoédités ou dans une petite ME), il faut le faire soi-même, ce qui, d'une part est un métier en soi, et d'autre part pas à la portée de tout le monde, même avec une formation en la matière (je connais des tas d'auteurs timides et/ou introvertis pour lesquels ce genre de choses est un supplice).

 

Here comes a new challenger! 😉

 

Selon mes observations, ceux qui sont pas ou peu sur les RS, ce sont les "gros", ceux qui n'ont pas besoin de ça pour se faire connaître (et vendre). Quand on les voit, c'est souvent pour annoncer "mon prochain bouquin sort à telle date". Je dirais qu'ils ne sont pas un exemple à suivre, dans la mesure où (encore un fois, à moins d'avoir déjà un fandom derrière), si on ne fait que faire sa pub sans interagir par ailleurs avec les gens, ben on est un peu dans le cas des prospectus non sollicités de la boîte aux lettres, et si on n'est pas tout bonnement ignoré, on finira au mieux dans la litière du chat 😛

Je vais quand même évoquer, même si c'est un peu HS ici certains "gros" auteurs (surtout des américains**) qui semblent être là pour le plaisir et interagissent avec leur communauté à la fois à propos de leurs livres et de leurs hobbies non littéraires.

Selon moi, un "petit" auteur (comme moi) "doit" être sur les réseaux sociaux s'il veut se construire une communauté. Et un auteur qui veut "faire son trou" a besoin d'une communauté pour ça. Donc des interactions, un investissement, du temps "perdu à ne pas écrire", mais à mon avis pas perdu tout court.

Je ne dis pas que je ne fais ça que pour me trouver des lecteurs 😛 mais ce serait mentir que de le nier. Et ça m'a permis de faire de belles rencontres, de garder le contact avec les potes malgré la distance, de s'entraider... Je ne m'étends pas là-dessus, mais c'est quand même un point très important, surtout avec la situation sanitaire actuelle.

Ce qui nous amène à...



Ouais, j'ai préféré anonymiser celui-là, par pudeur.

 

(pour info, @commuauteurs est un des nombreux comptes Twitter qui relaient les questions des auteurs, sur tous les thèmes liés à l'écriture).

Je ne dis pas que la situation décrite dans le tweet ci-dessus n'existe pas, mais je trouve terriblement méprisant de considérer qu'il n'y a pas d'intérêt à répondre à ce genre de demande d'entraide.

Les auteurs, surtout quand ils débutent, sont un peu lâchés dans la nature, se font une fausse idée du métier... (cf le lien que j'ai mis plus haut, et celui-ci aussi, tant qu'à faire). Après, oui, il ne faut pas passer son temps à ça plutôt qu'à écrire, mais ce n'est pas une raison pour les laisser dans la m...

Aucun auteur n'a à gagner à laisser ses collègues dans l'erreur ou l'ignorance (après, ils ignoreront peut-être nos bons conseils, mais c'est un autre problème 👿).

A ce sujet, c'est un point que je n'ai pas pensé à aborder quand j'ai parlé de bêta-lecture : c'est vrai qu'un certain nombre (une minorité, je pense, mais elle existe) de gens qui soumettent leur texte en BL (ou au moins au regard des autres) sont en fait à la pêche aux compliments. Et prennent assez mal (au sens "se vexent" - la première BL fait toujours mal, comme je le disais en conclusion) quand on leur signale des éléments à améliorer.

Présenter ses oeuvres aux autres, quelles que soient les circonstances, c'est s'exposer à des retours de leur part. Mieux vaut le faire dans un cadre bienveillant. Mais à l'opposé, il faut quand même se préparer à recevoir des critiques et autres avis négatifs. Et à mon avis, y réagir sur le mode "vous ne comprenez rien à mon génie" revient à se tirer une balle dans le pied.

Comme me l'a fait remarquer Ylusion sur touittère, c'est pénible de voir quelqu'un poser une question (ou une demande de BL) et voir le demandeur ignorer tous les conseils/retours. La seule "excuse" que je peux trouver vient de ma propre expérience : il m'est déjà arrivé "en début de carrière" 😛 de recevoir des BL "il faudrait corriger X" et de penser sincèrement que non, X était bien comme il était. Jusqu'à ce que quelqu'un me dise "puisque Y on croit que Z au lieu de X". Et là, ça a fait "tilt" 💡 et j'ai compris que oui, je devais modifier X.

Personnellement, ce qui m'agace, moi, c'est de voir quelqu'un poser une question à laquelle une réponse a déjà été donnée la semaine d'avant. La nature de flux de Twitter rend la chose pardonnable sur cette plate-forme, mais j'admets que sur un forum ou une base de données comme Quora, je trouve ça pénible. Mais on s'éloigne du sujet.

En conclusion, je vais juste rappeler les points essentiels de ce trop long article : 

  • si vous voulez/avez besoin de vous construire une communauté sur les RS, ça prend du temps, et ce n'est pas du temps perdu (si vous le faites bien***).
  • pareil si vous avez besoin d'interactions sociales pour vous motiver, surtout en ce moment.
  • si vous avez besoin de "glander" sur les RS pour vous détendre, ce n'est pas du temps perdu, ça vous évitera un burnout.
  • si vous passez du temps sur les RS à regarder des vidéos ou des articles/threads instructifs ou inspirants, ce n'est pas du temps perdu, ça contribue à vous donner des idées pour vos projets.
  • pour être écrivain, il faut écrire, donc tâchez de mettre régulièrement le nez dans votre manuscrit et d'y ajouter des mots lorsque c'est possible.

 

 


* : parce que le recyclage, c'est bien ♻, j'ai déjà argumenté une partie de ce que je dis ici sur touittère. Mais lisez quand même, ici c'est la version longue 😛

** : par opposition aux francophones, voire aux britanniques : je ne lis qu'en anglais et en français, donc je ne suis pas d'auteurs qui s'expriment dans d'autres langues.

*** : je laisse ce genre de mode d'emploi aux spécialistes. Je me démerde en naviguant à vue (et en lisant des conseils à droite et à gauche), mais à part "restez courtois et respectueux" j'ai pas de conseil de pro à donner.

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