Objectif : NaNo

J'en ai déjà parlé à droite et à gauche et, à force, je me suis dit que ça ne serait pas inutile d'exposer quelque part ma méthode géniale et infaillible* pour réussir son NaNo et autres objectifs d'écriture.


Le blason du NaNo


Je l'ai déjà évoqué ici : les deux objectifs du NaNo sont : "écrire au kilomètre pour atteindre au moins 50.000 mots à la fin du mois" et "écrire tous les jours, si possible". Comme toutes les méthodes, ça ne conviendra pas à tout le monde, mais j'aurais tendance à dire que c'est comme tout, il n'est pas mauvais d'essayer avant de voir si ça nous va ou pas.

Personnellement, le "écrire au kilomètre" n'est pas du tout pour moi : même si je soigne moins ma prose dans un article de blog ou un message de forum que dans un roman ou une nouvelle, j'ai besoin de prendre le temps de me relire et, s'il y a lieu, corriger une faute oubliée, une répétition trop visible ou une expression qui ne me plaît pas assez.

En revanche, j'apprécie :
  • l'émulation : plein d'écrivains à travers le monde font le NaNo et les Camps, c'est "le" sujet des mois où ils ont lieu, je trouve ça fédérateur et motivant.
  • la régularité : beaucoup de mes écrivains préférés ne jurent que par le "écrivez X mots par jour, tous les jours". Il y a des moments où j'en suis incapable (fatigue, déplacement, distraction imprévue...) mais ça a le mérite de permettre à un auteur de "garder le contact" avec son texte et, en conséquence, de ne pas perdre trop de temps à se rappeler où il en est au moment de continuer son histoire.
L'avantage des Camps NaNo, c'est qu'on peut choisir soi-même son objectif.
Je suis incapable de me ménager assez de temps (et de concentration) pour mener à bien un vrai NaNo de 50k. J'ai essayé, mais je me suis rendu compte que je ne fonctionnais pas comme ça : ça me met trop de pression, je n'y arrive pas, et en plus, ce que j'écris dans ces conditions ne me plaît pas. En conséquence, je me fixe un chiffre plus faible, une dizaine de milliers de mots en général - et là, j'y arrive presque toujours.

On arrive donc au coeur de ma méthode : les objectifs.

Ca demande un peu de "connais-toi toi-même" (ce qui ne s'improvise pas), mais quand on a réglé ce problème, ça permet de débloquer le reste.
La première chose, c'est de déterminer combien de mots par jour on peut écrire sans se forcer. Un bête tableau Excel comme celui que j'utilise pour le WriYe** suffit : à ce stade, il n'y a qu'à noter son score les jours où on a écrit quelque chose, sans chercher plus loin.
Ensuite, on peut lister aussi s'il y a un point commun dans les "jours sans" ou les "jours peu performants" : par exemple "j'ai cours de gym, je suis trop KO pour écrire le jeudi", "j'ai tous mes vendredis matin, mais je m'en sers pour faire le ménage".
Je ne m'intéresse pas aux "jours avec", parce qu'ils sont là pour (potentiellement) rattraper le reste, et qu'il ne faut pas se mettre la pression en s'imposant d'emblée un quota supérieur. Selon moi, ça doit rester une option.

Une fois que j'ai accumulé assez de données (je pense que trois mois est une bonne durée, mais vous avez le droit d'ajuster dans un sens ou dans l'autre), je commence à faire mes statistiques.
Dans mon cas, ça a commencé par :
  • je peux écrire 200 mots par jour sans problème (aujourd'hui, je suis montée à 250, j'essaie d'augmenter petit à petit).
  • je peux me motiver à écrire tous les jours sauf vendredi-samedi-dimanche, en général.
En conséquence, quand j'ai commencé mon WriYe, je me suis fixé deux objectifs :
  • un "inférieur" : écrire 200 mots par jour et 800 par semaine***
  • un "supérieur" : écrire 75.000 mots dans l'année****
L'avantage de ce principe : avoir des "paliers de réussite". Selon moi, ce n'est pas motivant de ne pas avoir atteint son but, même quand c'est dû à des circonstances extérieures. Je trouve plus supportable de pouvoir m'attribuer mentalement un "deuxième ou troisième prix", assez positif pour ne pas me sentir comme une 💩 mais assez encourageant pour avoir envie de faire mieux la prochaine fois.

Cette année (et j'ai bien fait, parce que même sans le Covid, j'ai eu de gros problèmes de moral les premiers mois), j'ai multiplié les paliers :
  • 250 mots par jour,
  • 1.100 mots par semaine,
  • 5.000 mots par mois,
  • 90.000 mots sur l'année.
Je garde à l'esprit que je ne "peux pas" écrire en fin de semaine, mais je garde l'option ouverte (1.100 mots hebdomadaires, c'est à peine plus que 4x250). De même, 5.000 mots mensuels, c'est cinq "petites" semaines à mille mots, c'est raisonnable.
Le fait de pouvoir m'accorder des victoires intermédiaires est, dans mon cas, très rassurant.

Pour les NaNo (même le vrai, je ne tiens pas compte du 50k imposé), je considère ça comme un défi supplémentaire - et le boost qui me donnera une chance d'atteindre mon objectif annuel. Comme suggéré plus haut, l'effet d'émulation m'aide à combattre la fatigue et la flemme et je tourne à une moyenne de 350 mots par jour, en général, ce qui est suffisant pour atteindre les 10.000 qui sont mon but habituel (là encore, un chiffre obtenu en analysant mes statistiques personnelles).
Il m'est arrivé de ne pas y arriver (😁), comme lors du Camp de juillet 2018, mais parce que j'avais gardé en tête mes paliers intermédiaires, je me suis consolée de cet échec en me disant que j'avais tout de même le pied sur le podium.

Je vais ajouter aussi une astuce dont j'ai reparlé récemment sur Touittère avec Nyx, une camarade autrice : ne pas hésiter à s'interrompre au milieu d'une scène, voire d'une phrase (j'ai entendu parler d'un auteur connu qui faisait ainsi exactement son quota du jour).
Pourquoi ? Parce que ça permet de se remettre dans le bain plus facilement, le lendemain. On relit les lignes précédentes, on n'a plus qu'à poursuivre dans la continuité de ce qu'on avait commencé la veille, sans devoir se dire "bon, j'avais terminé ça, qu'est-ce que je vais bien pouvoir inventer, maintenant ?".
(Ok, j'admets que cette méthode marche surtout pour les Jardiniers comme moi 😁).

Pour ma part, j'ai récemment pris l'habitude, quand je termine une séance d'écriture (avec ou sans interruption en milieu de scène) d'ajouter une note rapide à la suite, du genre "ne pas oublier d'aborder tel sujet" ou "il pourrait se passer ça ensuite" ou encore "utiliser tel argument pour/contre le protagoniste" : ça me fait une piste immédiate pour reprendre mon récit sans devoir réfléchir "à froid" sur la suite à donner aux lignes écrites la veille.

Voilà voilà, je vais m'arrêter là, n'hésitez pas tester et à me donner votre avis sur cette façon de faire et sur ce qui marche (ou pas) pour vous !




* : publicité mensongère, désolée 😈

** : qui est une sorte de NaNo sur l'année.

*** : pour être honnête, je crois que je n'avais pas précisé de limite hebdo, mais ça se "compensait" par l'objectif annuel.

**** : sachant que 75k divisé par 365 fait un peu plus de 205.

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