Imaginales 2022 : L'entreprise du futur..

 

 

L'entreprise du futur
sera-t-elle responsable ?

 

Comme tous les ans, avertissements de rigueur : je retranscris ici les notes que j'ai prises pendant la conf ; il est donc tout à fait possible que j'aie fait des contresens et tout à fait certain qu'il manquera des bouts (sans parler du côté décousu et de ma difficulté à me relire 😳). Les éventuels commentaires entre [ ] sont de moi, et les passages entre guillemets sont censés être des citations.

Intervenantes : Isabelle Bauthian, Sarah Doke, Krista Finstad-Milion, Sylvie Lainé.

Modératrice : Sylvie Miller

Pour information, cette table ronde était originalement prévue pour parler égalité femmes-hommes* et s'est retrouvée avec un sujet qui n'a rien à voir. En toute logique 😈 elle s'est donc retrouvée "détournée" vers son thème initial, avec la complicité de la plupart des personnes présentes.

 

 
SL, SD, SM, KFM, IB.


KFM : La responsabilité des entreprises, c'est que quand elles prennent des décisions, elles ont conscience qu'il y a un impact sur l'écologie (impact sur l'environnement, empreinte carbone...), l'économie (salaire convenable, paiement des heures supplémentaires...) et le social (bien-être des employés et de leur famille, inclusion, bien-être des salariés au travail).

SD a traduit des livres de Bacigalupi, qui abordent l'aspect économique (comme la pauvreté des régions que l'entreprise a quittées), le traitement des employés, la gestion de la pollution, le recyclage. 
Et il a un regard très dur sur l'ultralibéralisme des Etats-Unis.

IB : Son univers [dans Zone Tampon] est bâti sur les projections actuelles sur le futur qui nous attend. Ce n'est pas l'hypothèse la plus sombre (parce que ça, c'est la fin du monde), mais pas une très optimiste non plus.
Il y a aussi un refus des invalides (car ils coûtent cher à la société), mais c'est une société quand même technologique [et pas anti-techno comme on en voit souvent dans ces cas-là], et écologique.

SL évoque l'anthologie Nos futurs, qui parle du réchauffement climatique, écrite en collaboration avec des scientifiques. Elle-même a travaillé sous l'angle du féminisme et de l'intégration des femmes aux postes d'influence.
Le "neutre masculin" fait de la femme une exception [= fait que l'emploi du féminin différencie la femme du reste]. Elle a aimé traiter ça en SF, qui est le meilleur genre pour ça.
Elle a gardé le "neutre masculin", mais seuls les gens qui procréent ont un genre : les femmes ont le féminin, et il faut inventer un nouveau genre masculin.
 
[SD est intervenue sur l'invention de nouveaux mots, mais je n'ai hélas pas noté ce qu'elle a dit 😳] 

KFM : Pour rendre son entreprise (l'école privée où elle travaille) intégrée, ses élèves ont fait un mémoire sur l'accueil des personnes menstruées par les entreprises.
Elle évoque l'Espagne, qui vient d'instaurer un congé menstruel. Le sujet était autrefois tabou, mais c'est maintenant un point de valorisation pour les entreprises.

SD : Il faut lutter contre toutes les discriminations, et rendre les entreprises accueillantes sur ce point.

IB : Selon une logique capitaliste, c'est idiot de se priver des gens qu'on met à l'écart. Où en serions-nous si on n'avait pas exclu des gens à cause de leur sexe, couleur, orientation... 

SD : Un employé à l'aise dans son travail est plus productif.

KFM parle de FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion), qui est subventionnée à 50% par l'Etat et 50% par les entreprises. De plus en plus d'entreprises vosgiennes ont rejoint le mouvement, et de plus en plus de "personnes délaissées" et autrement exclues du marché du travail ont été intégrées.

SD : Dans La complainte de Foranza (du steampunk avec des fées), elle interroge sur les violences subies par les femmes et sur leur invisibilisation. Elle parle aussi de l'émancipation par le travail (les hommes sont morts à la guerre), mais la nouvelle génération d'hommes veut reprendre le pouvoir.
"La façon la plus complète de se débarrasser d'une femme, c'est la violence". Et c'est une violence systémique.
 
IB : Grish-Mère est une société matriarcale, "par les femmes pour les femmes", qui est devenue un refuge pour les personnes discriminées. Ses habitantes utilisent le féminin générique, ce qui change le point de vue du lecteur.
Mais ce n'est pas idéalisé, il y a des inégalités, des classes sociales, de la monarchie et même de l'esclavage ! Mais c'est une société plus égalitaire pour ses membres.

SD : Ses fées sont toujours au féminin (même les mâles, qui sont "une fée mâle"). Il y a beaucoup de féminisation audible des noms de métier, parce qu'il est important, même hors militantisme, "qu'on puisse exister jusque dans le son de la langue".

IB : Il faut tâcher de mettre de la diversité, mais il ne faut pas prendre la place des personnes concernées.
Dans Face au dragon, il y a peu de racisme mais elle voulait une héroïne noire parce qu'elle en avait marre des blancs. Et elle a fait relire son texte par une amie noire (elle aime le concept de Sensitivity Reading, mais pas le nom).
Quand il y a des personnages "génériques", ce sont souvent des hommes (un pompier, un marchand...), et quand c'est une femme, ça donne souvent une dimension sexuelle, hélas.

SL : Le système croit nous protéger, vouloir notre bien, mais nous refuse de nous laisser nous exprimer nous-mêmes [et si je me rappelle bien, dans la loi française (entre autres), la femme a longtemps été considérée légalement comme mineure 😡].
Dans sa nouvelle Les yeux d'Elsa [il y a un poème d'Aragon du même nom, je me demande s'il y a un rapport], il y a une femme qui est un dauphin génétiquement modifié. Et l'homme qui l'aime la considère quand même comme inférieure car "ce n'est qu'un animal".

SD parle de sa nouvelle pour l'anthologie de cette année (Afrofuturisme) qui met en scène le premier président du Congo et a été écrite à partir des propres textes du personnage (dont des lettres à sa femme).
 
Nous mettons tous des personnages secondaires LGBT+ ou racisés dans nos histoires, parce que ces personnages existent.

SL : L'âge d'or de la SF(FF), ce sont les mâles blancs, donc les femmes y sont réduites à des archétypes.

SD évoque l'appel d'Adrien Tomas** aux auteurs pour leur dire de faire des recherches quand ils écrivent des femmes, des LGBT+, des racisés, des handicapés...
 
KFM : On regarde plus les abilities que les disabilities  (elle utilise l'anglais parce que le dernier terme est bien plus négatif dans cette langue, par rapport à un capacité/incapacité en français).
On a besoin de gens qui apporte un autre regard au sein des entreprises.
Elle parle aussi de comment utiliser au mieux les compétences "non professionnelles" des employés.
 
SL : Il faut aussi augmenter les salaires et veiller à la sécurité et au confort du salarié.
Il est plus facile en tant qu'auteur de SF d'écrire sur des sujets dont on n'est pas expert, parce que trop bien connaître un sujet nous bride [une des raisons pour lesquelles j'ai "triché" en écrivant les aspects informatiques de Ceux qui vivent du sang versé***].

SD a peur de perdre des lecteurs dans des références que ceux-ci ne connaissent pas [une des raisons pour lesquelles je ne suis pas fan de hard science].

IB évoque des romans de Richard Morgan qui parlent des aspect Science du management en SF.

SD : La SF invente le futur en regardant le présent", et les sciences de gestion aident en cela car elles sont faites pour la résolution de problèmes.

IB ira consulter des experts pour être sûre de ne pas écrire de conneries, même sur des points de détail comme "quelle est la bonne prononciation de ce mot en allemand ?".

A la fin de la table ronde, le public a posé des questions intéressantes mais que je n'ai hélas pas notées (désolée, c'était la dernière TR de la journée et j'étais KO).
Petite anecdote : un homme est intervenu en fin de séance avec, disons, des préjugés d'homme blanc hétéro cisgenre. Le public [moi la première 😈] l'a gentiment**** accueilli avec des "ok boomer" et des claquements de mains en rythme. Nous nous sommes demandés s'il s'agissait d'un troll ou juste d'un mâle offensé ; apparemment, réponse 1 : il se serait agi du mari de KFM, qui avait envie de nous asticoter... 😁
 
 
 


* : merci à Isabelle Bauthian de m'avoir rappelé le titre : "Égalité femme-homme : quel futur possible ?" 🙂

** : je ne suis pas sûre d'avoir retrouvé l'appel en question mais jetez toujours un oeil sur ce thread Touittère qui parle du problème que peut poser un auteur blanc qui écrit sur une femme noire. Et sur les autres messages épinglés du profil du monsieur 🙂

*** : justement parce que je m'y connais et que, si je puis dire, je savais très bien ce que je ne savais pas 😁

**** : dans la mesure où ce n'était pas agressif de notre part et que c'était plus pour le tourner en ridicule qu'autre chose. On a quand même arrêté quand la modération nous l'a demandé 😉

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