Imaginales 2018 : Encore des vampires ? ...

Encore des vampires ? Oui ! 

Ca mord, mais ça ne lasse pas !



Dernière conférence des Ima', pour moi. Je m'inquiétais un peu des redites, mais comme il y avait Jeanne-A Debats 😍 Au final, un bon moment de passé !

Sinon, vous connaissez la routine, blabla, avertissements de rigueur : je retranscris ici les notes que j'ai prises pendant la conf ; il est donc tout à fait possible que j'aie fait des contresens et tout à fait certain qu'il manquera des bouts 😁 (sans parler du côté décousu et de ma difficulté à me relire 😳). Les éventuels commentaires entre [ ] sont de moi, et les passages entre guillemets sont censés être des citations.

Intervenants : Jeanne-A Debats, Jean Marigny (auteur de thèses sur les vampires) et Barbara Sadoul (anthologiste sur le sujet, entre autres).
Modératrice : Solène Dubois.

De gauche à droite : JAD, JM, SD, BS.


JAD : Navarre travaille pour le Vatican mais ce n'est pas si original, il y a eu une histoire du même genre en manga. Navarre est moins monstrueux que l'Eglise, c'est normal qu'un monstre travaille pour un autre monstre. En-dehors de ça, il n'est pas immunisé aux objets sacrés, même non-chrétiens.

JM : JAD l'a supplié [ce sont ses mots à elle] de rédiger la postface de Métaphysique du vampire [pas dans mon édition, malheureusement 😞]. Ca fait plus de vingt ans qu'il s'intéresse aux vampires. C'est son directeur de thèse qui l'a dirigé vers ce sujet, et depuis, il est devenu fan.

BS : Pour elle, c'est une prédestination [c'est la fille de Jacques] qui l'a conduite vers les vampires, son père avait une super bibliothèque de SFFF. Le père de Vampirella était un ami de la famille, et elle a continué sur ce thème pour ses études. 

JAD : Le vampire est fabuleux parce qu'il traverse les époques ; il peut donc traverser les genres, et avec lui, elle a touché à tous les genres ou presque (Western, Hard SF, Steampunk...). Elle a "terminé" sur le thème avec la bit-lit et le point de vue d'Agnès sur Navarre (puisque le genre implique une narratrice).
Les gens n'aiment pas qu'on leur donne des leçons, et l'humour permet de prendre de la distance avec l'avis de l'auteur. 

JM : Il renchérit sur l'importance de la distance.
Comment peut-on passer autant de temps sur un sujet sans devenir fou ? Lui ne croit pas aux vampires, mais il y a d'autres créatures qu'il n'aime pas, comme les fantômes.

BS : Elle utilise aussi l'humour dans sa pièce de théâtre, ainsi que des références historiques, pour renouveler le genre.

Est-ce que le sang est essentiel au mythe ?

JM : A l'origine, oui, mais la littérature a vu naître des "vampires psychiques", qui se nourrissent d'énergie vitale (de façon plus abstraite), voire de talent ou d'intelligence. Et quelque part, ça fait plus peur que le sang. 

JAD : Un jeu cruel de Silverberg et Shambleau de Catherine Moore donnent deux exemples de vampires psychiques différents, qui se nourrissent de la souffrance des gens.

[On peut aussi citer la Cour Blanche des Dresden Files de Jim Butcher, dont les membres se nourrissent (selon leur lignée) de peur, de douleur ou de désir.]

BS : Les vampires psychiques sont les plus effrayants, et il existe irl des gens qui ont un peu ce comportement [comme les pervers narcissiques].

JM : On l'a proclamé expert en vampires, il a plus de deux mille livres de vampires chez lui, et il a fini par trouver ça répétitif. Néanmoins, il y a des perles, comme Laisse-moi entrer de Lindqvist.
Maintenant, il s'est tourné vers la place de l'enfant dans la littérature d'horreur, que ce soit comme victime ou comme monstre.

Question à JAD sur l'évolution de Navarre :

JAD : Navarre évolue, pas toujours dans le sens où il le voudrait. Surtout dans sa jeunesse de vampire, jusqu'à ce qu'il soit en paix avec lui-même. Sauf qu'il refuse complètement la mort, alors que c'est une forme d'évolution.

BS : Elle évoque ses nouvelles préférées de l'anthologie La solitude du vampire qu'elle a dirigée.

JAD : Elle a adoré Only lovers left alive [moi aussi 😉], on sent bien le passage du temps et le besoin des personnages d'être seuls... ou de ne pas l'être.

Question à BS : est-ce qu'elle lit de la bit-lit, où les vampires sont en sociétés organisées ?

BS : Elle s'intéresse plus aux auteurs qu'au genre.

Question à JM : il a dit que Twilight était un abâtardissement du genre. Est-ce qu'il a changé d'avis ?

JM : Autant Anne Rice a donné de l'humanité aux vampires, autant Twilight a trop démythifié le vampire, ses personnages ne sont plus des vampires. On a donc laissé la place aux zombies.
Les auteurs francophones ont cependant renouvelé le thème sans le trahir, contrairement à Twilight.

JAD : C'est pire qu'une trahison, c'est la destruction du mythe, lequel est un emblème de la transgression. Ca en fait un caniche à sa mémère.

JM : Les vampires d'Anne Rice sont humanisés, mais restent des meurtriers.

BS : Même par rapport à Buffy, où les vampires sont apprivoisables mais restent dangereux. Et Twilight véhicule des idées rétrogrades, surtout pour les femmes [ça, c'est clair...].

JAD : Le personnage d'Angel est pas mal, mais ça reste un bad boy que la fille doit sauver de lui-même (qu'il se prenne en main !). Navarre, lui, se démerde tout seul. Les filles doivent arrêter de materner leur mec.

"On ne naît pas vampire, on le devient", ce qui pose la question du mythe de l'immortalité.

BS : C'est ce qui l'a séduite en premier. Et dans beaucoup de romans, le vampire a un grand savoir, la jeunesse et la beauté.

JM : Pourquoi cette passion pour le vampire, à la fin du XXe siècle-début du XXIe ? Parce que Anne Rice en a fait un surhomme. Il s'intègre donc bien comme super-héros, il est celui qu'on rêve d'être. De plus, il reste seul, comme un perso romantique, les mortels ne peuvent pas s'attacher à lui.

JAD : Ce qui m'a séduite, c'est qu'il est libre, y compris de la mort (même si elle le menace tout de même). 

BS : Dans Un vampire ordinaire, de Suzie McKee Charnas, le vampire hiberne, oublie les mortels auxquels il s'est attaché et s'adapte à chaque nouvelle époque.

JAD : Navarre n'oublie rien.
"Je n'aime pas arrêter quand je n'ai plus rien à dire, je préfère m'arrêter avant". Là, elle repart sur du space-op, mais il y a des traces Navarresques quelque part... 

JM : Il évoque le Salon du Vampire de Lyon, qui devrait avoir lieu cette année (c'est tous les deux ans). On y trouve tous les genres vampiriques possibles.

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