Imaginales 2015 : "Vampires d'hier et d'aujourd'hui"
Voici donc une espèce de compte-rendu* de la première des deux conférences auxquelles j'ai assisté aux Imaginales, en ces derniers jours de mai. J'ai surtout noté les réponses des auteurs aux questions qui ont été posées par l'animateur** de la conférence. Les trucs entre [] sont de moi. Si vous étiez là et vous constatez que j'ai fait des erreurs en prenant mes notes, n'hésitez pas à me le signaler dans les commentaires !
De gauche à droite : la traductrice de KN, KN, NC, l'animateur, JFDA, COD, AS (image éhontément piquée sur le site d'actusf). |
Comme vous le voyez (un peu) ci-dessus, le cadre était superbe (une espèce de cabaret démontable en bois, de style 1900, entièrement restauré). On appelle ça le "Magic Mirrors", et y'en a un deuxième - où a eu lieu l'autre conférence à laquelle j'ai assisté.
Etaient présents : Nadia Coste (grenouille et auteure de "Le Premier"***), Jeanne Faivre d'Arcier (auteure connue mais dont je n'ai encore rien lu ^^), Kim Newman (idem, sauf que j'ai son "Anno Dracula" qui attend dans ma liseuse****), Cassandra O'Donnell (qui est française, comme son nom ne l'indique pas) et Alice Scarling (française aussi, auteure de la série "Requiem pour Sascha"*****).
KN : Le vampire est un monstre à l'aspect multiple. De plus, on peut parler avec lui (contrairement aux loups-garous, par exemple, qui sont plus portés sur les grognements). Il y a une résonance à son sujet, à notre époque, car on peut comparer sa manière de se nourrir des humains à la manière qu'ont les riches d'exploiter les pauvres.
JFDA : Il existe des vampires, sous une forme ou une autre, depuis l'antiquité (on trouve des créatures qui y ressemblent dans les récits d'Homère). La résonance se fait aussi vis-à-vis de la quête de l'humain pour l'immortalité.
NC : Le vampire a un côté pervers narcissique, il aspire la vie et l'énergie des gens de la même façon.
COD : Le vampire a un côté sexuel très marqué, avec la pénétration de la morsure. Et le concept évolue. [Et sans aucun rapport****** :] "Mon héroïne est une sociopathe qui tue tout le monde".
AS : Le vampire est une créature qui a toujours fait partie de [son] imaginaire. Pour revenir sur ce que disait KN, Anne Rice [dont elle est une grande fan] est la première à avoir donné la parole aux vampires*******. "Mon héroïne possède le corps d'un vampire et le suicide, en se mettant un pieu dans le coeur ou en s'exposant au soleil".
KN : Chaque génération a sa version du vampire, chacun a ses propres références. Un peu comme avec la musique, où chacun préfère la musique de sa génération (ou antérieure) mais n'est pas fan de celle de la génération suivante. Le vampire a ainsi aussi un caractère éphémère, car lui-même est lié à la culture de son époque [il disait ça au sens de sa première phrase, mais on peut tout à fait dire ça du personnage vampire lui-même].
JFDA : Pour [elle], "Twilight, ce n'est pas des vampires", car [elle] n'aime pas les mondes manichéens. Elle préfère Dracula ou les vampires d'Anne Rice.
COD : Un peu comme JFDA ci-dessus : le vampire est un monstre, il ne faut pas trop l'humaniser.
NC : [Dans son roman, elle a] tenté de montrer ce que ça pouvait faire d'être le premier, car à notre époque, tout le monde connaît les codes de ce mythe. [Elle] aborde aussi le sujet de la perte d'humanité.
AS : Le méchant de [son] histoire est un vieil aristocrate des pays de l'Est, à peine modernisé, mais il y a d'autres vampires de plus basse extraction. Anne Rice a elle aussi abordé le sujet de l'adaptation à la modernité, de suivre l'évolution du monde.
JFDA : Le vampire n'est pas un mythe d'un autre temps, on peut parler de lui à des époques différentes. Et il apprend au fil des époques qu'il traverse.
NC : [Son] personnage a du mal à s'adapter au temps qui passe, a un côté "c'était mieux aaavant", et se pose la question "est-ce que je vois faire perdurer la culture de mon époque". Il est à la fois fasciné et effrayé par l'évolution humaine.
KN : Des sociétés dominées par les vampires ont déjà été décrites. [Changement de sujet] Quand on écrit sur les vampires, on est amené à se poser la question "quels attributs du vampire vais-je garder ?". [Il a] choisi de respecter presque tous les mythes existants (à l'exception de quelques mythes de l'Est, car trop dégueux ou pas assez proches de l'humain), en créant différents types de vampires (qui ne s'entendent pas toujours).
JFDA : [Pour elle] on peut éliminer des caractéristiques des vampires, mais pas l'immortalité. Ce [qu'elle] aime, ce sont les questions de politique vampirique, en particulier les conflits entre "anciens et modernes".
COD : Dans l'Urban Fantasy, le lien est très fort entre le sexe et le sang. Au départ, le vampire était repoussant (cf le "Nosferatu" de Murnau), mais ça a changé avec Anne Rice et l'Urban Fantasy.
NC : Dans [son] univers, le sang du vampire remplace celui de l'humain qu'il était. [Ses] vampires sont donc impuissants, sauf pendant qu'ils boivent du sang humain (mais dans ce cas, ils n'y pensent même plus, tellement ils prennent plaisir à boire). Par ailleurs, [elle n'a] pas gardé l'aspect "repoussé par les symboles religieux" du mythe, puisqu’inapplicable à une créature née plus de 1500 ans avant JC.
AS : Dans [ses] romans, sang et sexe sont liés. Et à notre époque, on n'a plus besoin de faire de sous-entendus à ce sujet. [Elle a] toujours été déçue de voir que Lestat trouver le sexe plutôt décevant (quand il redevient temporairement humain dans "Le voleur de corps"), et donc [a] aimé voir qu'en Urban Fantasy, le sexe était possible chez les vampires.
KN : On se rend compte aussi que beaucoup de vampires meurent jeunes (ils sont tués bien avant d'avoir vécu une durée de vie d'humain). D'une certaine façon, "devenir immortel les fait mourir".
JFDA : Le vampire est un marginal, il vit en marge de la société, son problème est d'arriver à passer entre les mailles du filet.
AS : Il vit en marge, il a une certaine distance vis-à-vis de l'époque [du récit], il se place en observateur de l'humanité.
COD : Il est la part noire de l'être humain.
JFDA : Il permet d'exprimer tous les fantasmes de l'auteur, la perversité que ledit auteur n'assume pas.
COD : L'humanité est forte, puissante, nombreuse, donc les vampires vivent en marge de la société pour se protéger d'eux.
KN : Les gentils vampires ne sont pas propres à notre époque (d'ailleurs, il y a un gentil vampire dans "1, rue Sésame").
NC : Le mythe du vampire attire les femmes, donc on accentue ce qui peut plaire à un lectorat féminin, on lui donne une âme etc...
AS : Il vit en marge, il a une certaine distance vis-à-vis de l'époque [du récit], il se place en observateur de l'humanité.
COD : Il est la part noire de l'être humain.
JFDA : Il permet d'exprimer tous les fantasmes de l'auteur, la perversité que ledit auteur n'assume pas.
COD : L'humanité est forte, puissante, nombreuse, donc les vampires vivent en marge de la société pour se protéger d'eux.
KN : Les gentils vampires ne sont pas propres à notre époque (d'ailleurs, il y a un gentil vampire dans "1, rue Sésame").
NC : Le mythe du vampire attire les femmes, donc on accentue ce qui peut plaire à un lectorat féminin, on lui donne une âme etc...
COD : A l'origine, la séduction est une de ses armes, mais aujourd'hui, ça en fait un objet de fantasmes.
AS : "J'ai grandit avec Lestat, donc je fantasme forcément sur les vampires". [Elle] espère qu'on peut encore inventer des trucs sur les vampires.
COD : Le vampire est un effet de mode et, comme la mode, c'est un éternel recommencement.
JFDA : Il y a un effet générationnel, tous les vingt ans, avec des caractéristiques différentes à chaque fois. Au bout d'un moment [elle] en a marre [d'écrire sur les vampires], change de sujet, puis revient dessus après, en mélangeant avec d'autres thèmes.
NC : Tant qu'il y aura des pervers narcissiques, il y aura des vampires.
KN : Le vampire est maintenant un personnage permanent de la culture populaire.
Ma conclusion : Très sympa. Je pense qu'ils auraient dû inviter Jeanne-A Debats en plus, ça aurait diversifié le point de vue (surtout que j'ai trouvé que Cassandra O'Donnel n'avait pas grand-chose à dire), mais on ne peut pas tout avoir ^^ Ca m'a permis aussi de faire un peu connaissance avec Alice Scarling, juste après la conf', où elle a bien voulu m'expliquer pourquoi elle avait mis une scène de Q si tôt dans le début de "Requiem pour Sascha" (un truc qui a tendance à me rebuter en règle générale). Bref, suite à ça, j'ai mis sa série dans ma wish-list (well played, Alice, well played... ^^).
*: plutôt une transcription en fait, sachant que j'écris tellement bien que j'ai parfois du mal à me relire ^^ (j'en profite pour préciser que à part quand je mets des guillemets, je suis plutôt en train de paraphraser les auteurs présents).
**: dont je n'ai pas pensé à noter le nom (faut dire, il était rarement mentionné dans le programme :/)
***: que je viens de terminer et qui m'a beaucoup plu :) (mais que, malgré son étiquette "jeune adulte", je déconseillerais aux mineurs).
****: et pour ceux qui, comme moi, l'ignoraient, c'est un homme.
*****: dont je n'ai lu que des extraits, mais que j'ajouterai à ma liseuse quand mon porte-monnaie me le permettra.
******: j'aime bien la phrase, mais je ne me rappelle plus du tout le contexte ^^
*******: dans "Entretien avec un vampire", pour les incultes.
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