Imaginales 2021 : ... Des femmes au coeur de l'action !
Rebelles, insurgées et autres héroïnes :
des femmes au coeur de l'action !
Et donc, les avertissements de rigueur : je retranscris ici les notes que j'ai prises pendant la conf ; il est donc tout à fait possible que j'aie fait des contresens et tout à fait certain qu'il manquera des bouts 😁 (sans parler du côté décousu et de ma difficulté à me relire 😳). Les éventuels commentaires entre [ ] sont de moi, et les passages entre guillemets sont censés être des citations.
Intervenants : Pascaline Nolot, Christelle Dabos, Jean-Laurent Del Socorro, Estelle Faye, Célia Flaux.
Modératrice : Anne Besson.
AB, JLDS, CD, CF, PN, EF. |
AB : Les héroïnes prennent leur revanche et elles sont de plus en plus nombreuses. Est-ce qu'il y avait chez vous une volonté de faire de l'héroïsme au féminin ?
CD : Pas consciemment du tout. C'était son jardin secret, elle ne pensait pas à la publication. Son personnage s'est incrusté dans son esprit, avec sa myopie et son écharpe animée, et elle s'est amusée à la marier à quelqu'un qui était son opposé.
AB : Elle n'a aucune qualité héroïque à part ses dons. Question à JLDS à propos de donner de la visibilité à des personnages féminins oubliés de l'histoire.
JLDS : C'est anormal que Boudicca ne soit pas plus connue. Ce n'est pas parce que c'est historique qu'il ne doit pas y avoir autant de femmes que d'hommes, et à tous les niveaux du roman [si j'ai bien compris, il entend par là de mettre davantage de personnages féminins dans le texte, y compris à des postes où l'Histoire n'en a pas gardé trace].
EF : "Je casse l'ambiance" : oui, il y a plein d'héroïnes, oui on rend les gens visibles dans les livres. Sauf que les autrices s'en prennent plein la gueule. Les autrices de littérature [Imaginaire] pour adultes sont mal considérées, du point de vue des médias (à part par les blogueurs). Les femmes sont exclues de la littérature historique, à part aux Imaginales. Les femmes qui écrivent pour les adultes sont exclues des conférences et des prix [on m'a soutenu de source sûre que ce n'était pas le cas non plus aux Utopiales... mais j'ai eu aussi des échos contraires - et je n'y suis encore jamais allée donc je ne peux pas confirmer].
[Si je me souviens bien, c'est là qu'elle a mentionné qu'elle avait une bonne expérience en combat et maniement d'armes médiévales, mais qu'on ne l'a jamais invitée nulle part sur des tables rondes qui parlaient du sujet].
PN s'est déjà faite envoyer balader parce qu'elle écrit surtout en Jeunesse.
EF : En Blanche*, il y a des autrices [on parle ici de francophones, encore que je ne connaisse pas assez bien la situation chez les anglophones ou ailleurs pour juger] qui ont de bonnes critiques et de bonnes ventes. Pas en SFFF, il n'y a pas d'équivalent à Damasio ou Bordage [il y en a qui ont une petite notoriété, mais pas à ce point, en effet].
CF : C'est aussi tendre la main aux autres autrices et leur dire que c'est possible d'être une femme héroïque. Elle montre l'absurdité des préjugés de genre à travers les "inversions" qu'elle pratique dans ses romans. Ce n'est pas normal de vouloir nous faire entrer dans des cases parce qu'on est une femme [ou un homme, en fait].
PN : Son personnage doit surmonter la malédiction familiale et son handicap (une tache rouge sur le visage). Le thème des apparences revient souvent chez elle. Son roman est moyenâgeux, mais la question de l'apparence différente est valable à toutes les époques.
Et on peut être une héroïne sans devenir une guerrière.
AN pose la question des personnages de femme en lutte contre leur environnement, et qui souvent des criminelles (notamment à cause de leur rébellion).
JLDS : Ses héroïnes se battent pour préserver les acquis. Boudicca lutte contre le patriarcat romain et préserver l'égalité entre hommes et femmes qui est sa norme. Axelle, dans Royaume de vent et de colères [sauf erreur de ma part 😳] s'est rangée pour être mère, mais c'était son mari qui voulait un enfant, ce n'était pas son choix à elle.
CD : Ophélie fait ses choix en échappant à sa famille. Elle est le grain de sable dans les rouages. Des lecteurs se sont demandé pourquoi elle ne s'est pas rebellée contre son mariage forcé etc., mais quand on naît dans une société et qu'on n'a pas de contacts extérieurs pour se donner des pistes de rébellion... Donc elle fait ça doucement, par petites touches. Au départ, Ophélie s'oppose à une société de femmes (puis une d'hommes, puis une mixte), avant de voir qu'aucune des trois n'est parfaite.
Son changement se fait lentement mais devient de plus en plus grand, comme un fleuve.
Le personnage s'est aussi rebellé contre son autrice, pour vivre sa propre vie.
CF : Son personnage est en rébellion depuis le début. Liana** ne considère pas que l'énergie des Dema est un dû. La femme qu'elle poursuit vole (et viole) l'énergie des autres parce que pour elle, c'est la loi du plus fort. Et le personnage de la Veuve Noire est une criminelle qui ne s'en prend qu'aux hommes violents.
PN : La Mère-grand est une figure criminelle et vengeresse, qui a anciennement été très belle mais a tout perdu avec le temps, en perdant sa beauté.
EF : Widjigo est une histoire d'horreur, avec deux figures de femmes principales. Marie est très dure, elle a été marquée par la vie. Pénitence est une ado étrange. Les deux ne sont pas à leur place dans la société. Est-ce que ce genre de personnage a d'autres choix que d'aller du côté des monstres ? Elles cherchent juste un endroit où trouver quelqu'un à qui parler.
PN : Son personnage est condamné d'avance par la société, on refuse de la toucher, de lui parler. Et elle et victime de l'hypocrisie des notables, surtout les religieux. Rouge est la bouc émissaire, responsable de tous les malheurs du village.
CF : Tomoe est pacifiste, mais quand elle est attaquée, elle doit bien se défendre et trouver sa propre voie.
CD : Les esprits des familles s'intéressent plus à leurs intérêts personnels qu'à leur descendance, ils vivent "dans leur bulle".
JLDS : C'est un choix littéraire et politique, il est important d'avoir des personnages féminins à tous les niveaux, même secondaires, il pense que l'historicité ne doit pas l'emporter sur l'absence de figures féminines (sauf quand ça peut poser des problèmes intéressants).
EF a été élevée dans une famille de gauche et scientifique. Elle n'est pas d'accord avec JLDS : pas besoin de changer l'Histoire, les femmes, les pauvres, les homos... font partie de l'Histoire, même s'ils en ont été expurgés. "On a toujours été là", mais c'est une information qu'il faut aller chercher.
* : = littérature générale, par opposition aux littératures "de genre" comme le Polar ou l'Imaginaire.
** : j'ai un doute sur le nom, Porcelâme est dans ma pile à lire, mais je ne l'ai pas encore commencé au moment où je rédige ce compte-rendu 😳
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