Les auteurs face à la critique

A tout seigneur tout honneur, merci à Adrien Tomas et Isabelle Bauthian pour m'avoir donné un sujet d'article (alors que je doutais d'avoir des choses intéressantes à raconter cette semaine).

Ca a commencé avec une remarque d'Adrien : "ne taguez pas les auteurs dans vos critiques négatives".

Selon mon expérience, ce conseil reçoit l'approbation de la plupart des auteurs : personne n'aime se faire éreinter (sans oublier que le dialogue avec l'"agresseur" est fortement déconseillé - j'y reviendrai), donc autant rester dans l'ignorance de ce qu'ont pensé ceux à qui notre bouquin a déplu.

A titre personnel, ça ne me dérange pas, mais c'est aussi parce que je suis une "petite" autrice - là encore, j'en reparlerai plus loin.

Le commentaire d'Isabelle, en revanche, fait moins l'unanimité : elle trouve que c'est inutile même dans le cas d'une critique positive (au moins dans son cas à elle).

Plusieurs points en faveur de cette affirmation :

  • "ma maison d'édition me transmet les critiques" : vrai dans le cas général, mais, cf le point suivant, pas toujours exhaustif. Et pas applicable aux autoédités.
  • "je peux toujours faire une recherche sur le web pour les dénicher moi-même si je veux les lire" : je pense que c'est aussi lié à la notoriété de l'auteur et de son oeuvre ; de mon côté, j'ai parfois du mal à les retrouver, même quand je sais où chercher. Après, c'est peut-être parce que j'ai un pseudo trop commun et/ou un titre trop long, mais le fait est que mes résultats sont parasités par des textes religieux 😆
  • "les critiques sont destinées au lecteur" : là, je ne peux que répondre "c'est pas faux" (et pas au sens Kaamelotien). Et dans ce cas, en effet, pourquoi taguer l'auteur ?
  • si on met dans le même sac de vraies critiques, un peu élaborées, et de simples notes ou "j'ai adoré !" sans plus de détail, ça peut faire beaucoup de notifications*, surtout pour des auteurs plus productifs et plus connus que moi (comme Isabelle et Adrien).

En revanche, comme l'a suggéré Lizzie Crowdagger dans la conversation, le "tag" de l'auteur par la personne qui critique, est peut-être lui aussi destiné aux lecteurs, afin qu'ils n'aient qu'à cliquer pour le suivre sur les réseaux sociaux.

Une autre hypothèse (merci Bob) serait que le tag serait, quelque part, une demande de validation de la part du critique : "regarde ce que j'ai écrit, confirme-moi que j'ai bien compris ce que tu voulais dire dans ton livre, vois à quel point je l'(t' ?) aime". Je valide (😁) complètement, je dirais même que c'est une des caractéristiques d'un fandom.

On peut argumenter comme quoi ce serait peut-être mieux que ce soit la maison d'édition qui soit taguée et qui redirige ensuite la critique selon l'envie de l'auteur, mais je répondrais que, encore une fois, ce n'est pas adapté aux autoédités, et que ce n'est pas non plus intuitif pour les blogueurs littéraires (sans parler de la difficulté de faire respecter une telle mesure).

 

Ensuite se pose inévitablement la question de la réponse à apporter à ces critiques.

Je vais donc appuyer celle qui est généralement conseillée : réduire au minimum.

"J'ai adoré votre livre" => un simple "like" ou juste "merci/je suis contente que ça vous aie plu".

"Ce bouquin, c'est de la merde" => rien, ou si vraiment on ne peut pas se retenir : "je suis désolée que ça ne vous aie pas plu", et c'est tout.

Il y a trois choses à prendre en compte sur le sujet des réactions aux critiques :

  1. ça dessert l'auteur de réagir** à une critique négative. La personne n'a pas aimé, dommage pour elle, il ne faut pas chercher à la faire changer d'avis. Et bien sûr, il ne faut surtout pas s'énerver - j'ai déjà vu ça, et franchement, ça ridiculise et décrédibilise complètement l'auteur qui sombre là-dedans.
  2. je ne sais plus où j'avais lu ça, c'était un article qui expliquait une évidence dont on ne se rend pas compte : les lecteurs connaissent l'auteur (surtout s'il est célèbre), mais la réciproque est fausse. On peut être proche de certains de ses lecteurs (et dans ces cas-là, on peut se permettre de discuter de nos oeuvres avec eux), mais c'est impossible de l'être de tous.
  3. un auteur qui réagit à une critique, c'est peut-être une validation pour le critique, mais c'est aussi intimidant : ça prouve qu'il "surveille" ce qui se dit sur lui - surtout s'il n'a pas été tagué 😈

J'admets que j'ai (j'avais ?) tendance à donner de vive voix mon avis de lectrice aux auteurs que je connais même quand je n'ai pas apprécié. D'une part parce qu'ils l'attendaient souvent (j'ai pris l'habitude d'acheter mes bouquins francophones en salon, avec la dédicace en plus 😁), d'autre part parce que si ma critique est mauvaise, autant qu'elle reste orale... mais je n'ai pas toujours le courage d'en écrire une si elle est bonne 😳

Par ailleurs, ce n'est pas la même chose de discuter (même en bien) avec un lecteur qu'on connaît et avec un inconnu. Et surtout par écrit.

 

Pour conclure, je vais détailler un peu mon avis personnel :

Je suis une "petite" autrice***, dans une petite maison d'édition (qui fait bien son boulot, mais qui ne peut pas être partout), donc j'accepte**** de participer un peu activement à la promotion de mon roman. Ca implique pour moi (mais c'est pe juste un avis personnel) de "faire la chasse" aux critiques et de les republier. Donc j'aime me faire taguer là-dessus 🙂

Je vais même ajouter "j'aime me faire taguer sur les critiques négatives" (en soulignant bien que c'est une exception, pour un auteur), parce que je suis curieuse de savoir ce qui n'a pas plu. J'ai même récemment eu le cas d'une critique plutôt positive... qui s'est traduite par une note plutôt moyenne 🤔 (du coup, j'ai bien fait de vérifier 😉).

Quand on est dans une petite ME ou quand on est autoédité, on a besoin des avis des gens pour se faire connaître. Je comprends tout à fait que tout le monde ne supporte pas d'être floodé par les notifications. Pour moi, c'est une forme de validation 😳 Pour d'autres (notamment les plus célèbres que moi, qui en ont moins besoin), j'imagine tout à fait comment ça peut noyer les choses importantes au milieu de tout ça.

Ma "solution" serait : 

  • ne taguez pas les auteurs sur des critiques négatives.
  • ne taguez pas forcément les auteurs connus sur les critiques positives. Vous pouvez sans problème taguer leur ME ou éventuellement indiquer leur tag sous une autre forme (genre @\tagdelauteur)
  • pensez à taguer les auteurs des petites ME et les autoédités dans vos critiques positives 💜

Mais n'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire !

 

 


* : je pense aux notifications envoyées automatiquement par des sites comme Babelio ou Goodreads lorsqu'on a mis des "alertes" sur tel ou tel ouvrage.

** : surtout par écrit. Parce que ça laisse des traces et que c'est beaucoup moins évident de transmettre ses intentions que lorsqu'on en discute de vive voix.

*** : je sais, faut que j'avance sur mes projets en cours 😳 mais c'pas facile en ce moment 😩

**** : de ma propre initiative, je précise.

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