Ecrire e(s)t politique

Je comptais faire l'impasse sur cette semaine (j'arrive pas à écrire 😩, vous connaissez la chanson), mais encore une fois, Touittère m'a fourni une inspiration bienvenue.

Rocambole, maison d'édition spécialisée dans les séries littéraires numériques, qui a le vent en poupe, vient de sortir sa dernière publication :

 

Je ne l'ai pas lue et, pour avoir eu les avis de ceux qui s'y sont frottés (dont Betty Piccioli, qui a un background politique en plus d'être autrice), je n'ai pas très envie d'essayer. Rien que l'estampille "préface de Macron" indique bien le contenu : de la propagande pro-gouvernementale, et pour un parti qui profite de la crise actuelle pour achever de casser les services publics (hôpital, recherche, éducation...). La ligne directrice de LREM a de quoi faire rougir le FN/RN, sur le mode "j'en ai rêvé, ils l'ont fait" 🤢

Je préviens tout de suite, je ne cherche pas à faire le procès de la ME : elle est pleine de gens sympas et je pense qu'aussi incongru que ça puisse paraître, elle est convaincue de sa neutralité politique et compte d'ailleurs publier des politiciens de gauche dans le futur.

En revanche, je me suis posé la question de pourquoi ça m'avait autant agacée. Après tout, les ouvrages "ordinaires" des politiciens de tout bord paraissent un peu partout dans le monde de l'édition, personne ne s'en offusque et, même si je ne suis pas allée vérifier, je ne serais pas surprise que tel ou tel éditeur publie en même temps des opposants politiques.

Je me demande ce que répondrais si on me proposait un contrat dans la même ME que Zemmour ou Le Pen. Probablement "non", encore que ce n'est pas forcément une chose à laquelle je fais attention quand je choisis de signer avec untel ou untel* 😳 Je sais que certaines ME choisissent leurs publications sur des critères de rentabilité (notamment parce que ça compense des ouvrages moins rentables), mais je pense qu'il faut parfois prendre position et refuser des gains assurés quand on risque de perdre son âme.

Sur le sujet des oppressions, vouloir "rester neutre", c'est maintenir le status quo... donc se ranger au côté des oppresseurs. Sans aller jusque-là, faire de la propagande gouvernementale n'est pas neutre non plus. Certes, offrir une contre-tribune à l'opposition pourrait "corriger le tir", mais en attendant, on se retrouve à brandir un étendard et à se retrouver partisan de facto.

Je crois que ce qui me gêne ici, c'est qu'on parle d'une ME que je "suis" depuis sa création, chez qui j'envisageais même de publier un jour** et qui se retrouve sur un chemin tortueux qui la mènera je ne sais où (et pour l'instant, droit dans le camp de l'oppresseur, donc). J'avais des attentes et je suis déçue.

Je pourrais dire que c'est de ma faute : je me projetais, ils n'ont pas de comptes à me rendre.

En attendant, je n'ai qu'à attendre et voir. Peut-être qu'ils se rendront compte de leur erreur et retireront la série (ou ne la renouvelleront pas). Peut-être qu'ils "compenseront" en publiant des auteurs de gauche et offriront ainsi un panorama diversifié.

Je ne peux que croiser les doigts.

PS : j'aurais bien développé l'autre aspect du sujet, à savoir "écrire (de la SFFF) est un acte politique", mais j'ai pas le courage pour l'instant. Ca viendra un jour 🤞

* : bon, beaucoup aussi parce qu'on est alors dans le domaine de la littérature dite "blanche", que je connais mal et fréquente peu.

** : si j'arrive un jour à écrire une série, j'ai du mal avec le format, pour l'instant 😳