Une nouvelle du passé (2)

Pendant ma semaine de vacances, j'ai eu l'occasion de fureter dans mes stocks de bouquins et autres vieux papiers que j'avais oublié de ramener chez moi, et qui prenaient la poussière*.

Parmi tout ça, j'ai exhumé un vieux bout de texte écrit il y a une vingtaine d'années (estimation floue : plus de quinze et moins de vingt-cinq, mais comme je n'en avais, pour une fois, aucun souvenir, je ne me rappelle pas non plus quand je l'ai pondu. Trouvé avec des papiers datant de 1993, donc... 🤔). 

C'est plein de clichés et un peu macho sur les bords 😳, mais je le trouve pas si mal, pour un travail de novice. Je dirais même que si on ne tient pas compte du côté "fanfiction X-Men" à peine déguisé, ça serait récupérable... 🤔 

Enfin bref, attention les yeux, voici le texte en question ! 😱 Version retranscrite telle quelle (c'était une poignée de feuilles volantes, pour une fois, j'ai eu de la chance que ça soit lisible), je n'ai corrigé que les quelques fautes et la mise en page.

Si je le poste ici, c'est parce que je compte, quand j'en aurai le temps 🤞, en donner une version "corrigée", pour montrer les effets de la bêta-lecture sur un texte. Alors oui, ça sera ma propre BL de mon propre texte, mais vu l'âge de l'échantillon, je pense que ça aura quand même des effets discernables et positifs 🤞


1

Lisa fit irruption à l’aube dans la chambre de l’Homme-Chat. Elle s’était couverte à la hâte d’un peignoir de soie blanche, mais avait omis de le nouer, ce qui ne dissimulait guère sa nudité.

— Albert, Albert ! fit-elle en secouant la forme entortillée dans les draps.

Aussitôt – non sans un grognement expressif – l’homme ouvrit les yeux.

— Il va arriver quelque chose, lui dit-elle avec anxiété.

— C’est à toi qu’il va arriver quelque chose, répliqua-t-il, si tu continues à te balader dans cette tenue !

Il accompagna sa remarque d’un regard intéressé.

— Ce n’est pas drôle, Al.

Elle s’assit sur le lit et il commença à lui masser la nuque. La meilleure chose à faire pour apaiser Cassandre.

— Cette nuit, reprit-elle, j’ai rêvé que Tigre était ici.

À ces mots, l’Homme-Chat grimaça, découvrant un instant ses petits crocs.

— Il était entré dans la chambre des filles Jones. Il a égorgé la petite et il y avait marqué TWENTY sur le corps. Avec son sang.

— Tu as prévenu Cathy ? s’enquit-il aussitôt.

— Elle était à mon chevet quand je me suis réveillée. Il paraît que j’ai crié. Elle est allée voir immédiatement, mais il n’y avait rien. On s’est recouchées, mais je ne pouvais pas dormir, alors je suis venue te voir.

— Tu as bien fait, fit-il en la prenant dans ses bras. Tu as une idée de ce que peut être ce « TWENTY » ?

— Je ne sais pas, répondit-elle. Je crois que c’était son nom. Pourtant, le nom de Tigre est Vincent Donner. Je ne comprends pas.

— Peut-être le nombre vingt ?

— J’y ai pensé, mais aucun de nous n’a vingt ans, et Tigre non plus. Je ne connais personne qui habite au numéro vingt dans n’importe quelle rue.

— Cela concerne peut-être les Jones ? Après tout, c’est leur fille, que tu as vue.

— Il faudra leur demander, mais là non plus, je ne crois pas que ce soit ça. Je suis convaincue que c’est nous qui sommes visés.

— Paranoïaque !

— J’ai peur, Al. J’en ai assez de cette vie et de ces cauchemars. Il y a des moments où je voudrais en finir.

— Et terminer ta vie sur une table à dissection ? répliqua-t-il avec une notre de colère. La vie vaut toujours la peine d’être vécue, petite fille. Même pour toi, Cassandre, le futur n’est jamais écrit.

— Tu es gentil, Al. Je peux rester dormir avec toi ?

— Tu peux toujours, Lisa. Mais mets-toi quelque chose sur le dos, sinon c’est moi qui n’arriverai pas à dormir !

2

Tigre se frottait méthodiquement la plante des pieds, s’interrompant régulièrement pour tirer une bouffée de la cigarette posée sur le rebord de la baignoire. Rien ne valait un bain chaud pour se remettre en forme. Autrefois, il serait allé dans un salon de massage, mais depuis quelques années, c’était devenu trop risqué.

Il fallait qu’il se refasse, mettre suffisamment de fric de côté pour se payer le voyage à Chicago et entamer les recherches. Il avait des petites choses à régler avec Lugan. Cette pensée lui remonta le moral. Ce serait une bonne idée de lui attacher ses propres tripes autour du cou. Oui, d’abord s’occuper de lui – le plus gros morceau – puis de la gamine : il faudrait la prendre par surprise, sinon elle serait bien capable de l’atomiser. Il pourrait sans doute s’amuser un peu avec le môme et l’autre fille, ils n’étaient pas dangereux. La fille préviendrait sûrement les autres, ça c’était probable, mais Tigre ne s’attendait pas à ne pas les trouver sur leurs gardes. Après tout, eux aussi craignaient les flics.

Les flics. Un grognement animal s’échappa de sa gorge. Il aurait peut-être dû rester un peu plus longtemps à Mexico, le temps de se faire oublier. Mais la patience n’avait jamais été son fort. Tant pis pour les flics. Il en avait égorgé deux à San Francisco, la fois où ils avaient été si près de le prendre.

Bon, dès qu’il aurait buté la petite famille, il retournerait en Amérique du Sud. Là-bas, il y avait du boulot pour les gars comme lui.

Il sortit de son bain et jeta le mégot de cigarette dans l’eau. Le tabac ne tue que les faibles. Il était Tigre, et personne ne pouvait s’opposer à lui. Il se regarda avec fierté dans le miroir du lavabo. Une montagne de muscles d’un mètre quatre-vingt-quinze, des cheveux blonds bouclés coupés courts – l’habitude des armées –, des yeux verts aux pupilles verticales qu’il devait souvent, par le passé, dissimuler derrière des lunettes de soleil. Heureusement, avec l’engouement actuel pour les lentilles de contact fantaisie, il lui arrivait parfois de croiser dans la rue son propre regard sur un autre visage.

Il s’étira, faisant jouer les griffes de ses mains et de ses orteils. Encore un truc qui ferait bien de passer à la mode, tout comme ses longues canines, qu’il était obligé de limer toutes les semaines pour les ramener à une taille plus discrète. Heureusement, ce n’était pas le genre de détail dont les Colombiens se préoccupaient. Il avait déjà vu, là-bas, des types comme lui, un peu « exotiques ». Tous normaux, pourtant. Certains, surtout les cyborgs, étaient même plutôt bons. Pas autant que Tigre, mais vraiment pas mauvais. Pas des mauviettes comme Lugan et ses gamins.

C’était vrai que la petite avait des possibilités, avec son caractère et ses capacités, Tigre aurait pu en faire quelqu’un de bien. Peut-être aurait-elle pu être meilleure que lui. Mais cette sale gosse était toute dévouée à Lugan. Il se souvenait parfaitement de la cuisant blessure qu’elle lui avait infligé, cinq ans auparavant. Une petite merdeuse de quatre ans, et elle lui avait désintégré la main gauche et sérieusement brûlé l’épaule et l’abdomen.

Il prendrait vraiment un grand plaisir à lui arracher la tête. Sans compte qu’il n’avait pas pu retrouver un boulot avant que sa main ne repousse.

Encore quelques jours à Dallas et il pourrait aller visiter leur dernière adresse, à Chicago.

Oui, remonter la piste et les éliminer. Puis retourner à Mexico, il avait déjà des contrats intéressants de prévus pour son retour.

3

Le cerveau électronique compilait consciencieusement les données.

Code : Tigre

Nom : Vincent Donner

Âge réel : inconnu

Âge apparent : 25 ans

Commentaires : Repéré suite à des tests de routine au moment du Viêt-Nam, de même que le sujet CHAT (voir dossier). Collaboration au Programme jusqu’à sa découverte de nos buts réels. Depuis son évasion, le sujet TIGRE a échappé à huit tentatives d’élimination, non sans nous causer de lourdes pertes (voir détails en annexe).

Capacités : Caractéristiques félines (vision nocturne, ouïe, odorat, griffes, crocs). Force supérieure. Régénération.

Remarques : Aversion profonde envers le sujet CHAT, antérieure au Programme. Soldat d’élite maîtrisant un grand nombre de techniques de combat, particulièrement au corps à corps.

TRÈS DANGEREUX – À ÉLIMINER.

4

— Non, vraiment, je ne vois pas. Nous n’avons plus vingt ans, n’est-ce pas, Melanie ?

Mrs Jones répondit par un clin d’œil au sourire de son mari.

— Je suis désolée que nous ne puissions pas vous aider, Miss Sanchez. Mais vous savez, il ne faut pas trop croire aux rêves prémonitoires. Ma sœur, une fois…

Et elle se lança dans une description des visions de sa parente et de leurs conséquences, pour le moins comiques.

Gordon Jones s’excusa d’un sourire auprès de Lisa. Melanie était une telle bavarde ! Ce n’était pas comme leurs locataires. Mr Lugan et ses deux cousines, Ms Sanchez et Ms Samson, étaient la discrétion même. Cela faisait deux mois qu’ils occupaient les deux pièces du haut, les filles dans une chambre et leur cousin dans l’autre, et partageaient avec eux cuisine et salle de bains. Les précédentes locataires, deux étudiantes, étaient également sympathiques mais malheureusement un peu bruyantes, ce qui avait obligé les Jones à se séparer d’elles. Ils n’avaient pas perdu au change, malgré leur appréhension – on ne retrouve pas facilement des locataires en cours d’année, et la location de la moitié de leur maison représentait pour eux un bon tiers des ressources de leur ménage.

Ils avaient un peu hésité, au début, à accueillir ceux qu’ils prenaient pour un jeune couple – les trois cousins ne se ressemblaient guère –, mais ils s’étaient toujours très bien tenus. De plus, la petite Cathy avait huit ans, un an de plus que Sarah, un de moins que Julie, et s’entendait très bien avec les deux fillettes.

Il était d’ailleurs étonnant que Cathy n’aille pas à l’école. Sa cousine avait expliqué que la petite suivait un programme d’études spécial, aux États-Unis, et qu’elle prenait actuellement des vacances ici, à Londres, avec ses cousins. Mr Jones n’avait pas insisté. Ses locataires étaient sympathiques, bien élevés, et payaient leur loyer comptant le premier du mois. Que demander de plus ?


PS : aucune idée de ce que j'avais pu prévoir avec ce "TWENTY" 😳



* : et d'autres choses aussi : il y avait des souris, et certaines aiment la lecture 🙄

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