J'ai comme envie...

Rassurez-vous, pas de pensées suicidaires de mon côté. Juste une espèce de rage qui fluctue, à voir le monde (et la France en particulier) basculer tout doucement dans le régime d'un état policier. Quand je vois toutes les injustices dont sont victimes les gens, la répression violente contre tout ce qui ressemble à une manif (même pacifique), le gouvernement qui oscille entre "complètement déconnecté de la réalité" et "d'une irresponsabilité criminelle"... 

On vit dans une dystopie.

 

Pas assez de toi - c'est pas le bon thème, mais ça colle bien à mon énervement.

 

Mon souci d'écrivaine, avec tout ça, c'est que je n'arrive pas à écrire les trucs que j'avais prévus. Ce n'est pas que Symbiotes soit si léger que ça, mais honnêtement, les problèmes de Trudi me paraissent bien superficiels comparés à ce qu'on peut vivre ici bas.

Je n'ai pas envie non plus de me lancer dans une dystopie, ne serait-ce que parce que les trucs que je vois passer dans les actus sont souvent si monstrueux que je me dis que je n'arriverais jamais à faire pire en restant crédible.

Petit aparté* : un truc que je n'aime pas, dans les romans d'horreur, c'est que souvent des choses terribles et irréversibles arrivent à des innocents qui n'ont rien demandé. Je sais, la vraie vie réelle™ est pleine de ce genre de trucs, mais justement, je déteste retrouver l'injustice profonde de l'univers dans ce que je lis pour me distraire.

Je n'ai pas d'exemple précis en tête, donc je vais en créer un à partir de trucs lus ou vus à droite et à gauche. Mettons qu'un jour, des démons apparaissent et s'emparent d'enfants. Le(s) héros fini(ssen)t par les bannir... mais les enfants ne sont pas sauvés. Les pauvres gosses sont condamnés à souffrir pour l'éternité, et personne ne peut rien pour eux. Ou alors ils se retrouvent damnés d'office, et ça revient au même. Ils sont innocents, ils n'ont rien fait, et ils sont foutus pour toujours. Points bonus s'ils imaginaient faire une bonne action au moment où ils ont été corrompus.

Quand ce genre de saloperie arrive à quelqu'un qui n'est pas un ange (ha ha), le lecteur/spectateur peut se consoler avec un "c'est triste, mais il l'a bien mérité/ c'est le karma". Mais si ça tombe sur une personne vraiment sympathique/ altruiste/ etc. le sentiment d'injustice (me) fait très mal - surtout si l'histoire ne prévoit pas, au minimum, que cette victime soit vengée.

Et donc, pour en revenir au sujet, dans la vraie vie réelle™, ce genre de chose** est monnaie courante. Des gens bien se mangent des injustices monstrueuses tout le temps, et ils ne sont pas souvent vengés - ou pas assez souvent. C'est ça, l'horreur. Elle s'installe petit à petit, maintient tout le monde dans la peur et décourage peu à peu toute envie de rébellion. De justice.

Alors bien sûr, je pourrais écrire quelque chose sur un (super- ?) héros qui naît de la foule et renverse les tyrans. Sauf que ça impliquerait de décrire un minimum cette tyrannie, et l'écho avec ce que nous vivons actuellement est trop fort pour que j'y parvienne.

Par ailleurs, ce genre d'histoire dérive un peu trop facilement vers le manichéisme et le militantisme, et je ne suis pas sûre d'être capable de jongler avec ce genre de trucs sans me retrouver à assommer mes lecteurs avec ma grosse morale.***

Tout ça pour dire que je me suis lancée dans une espèce de nouvelle où Joshua raconte des horreurs à son fils. Ca parle de souffrance, et si la sienne est sans aucune mesure avec mes propres inconfort et agacement, ça me soulage, et ça fait progresser mon compteur du NaNo.

On est en 2020****, donc je vais conclure sur : et c'est le principal.



* : qui reste cependant corollaire au sujet.

** : le principe, pas les démons, Dieu merci.

*** : j'arrive à naviguer à vue avec ma "Nyork" dans le Journal d'Anya, mais sans doute parce que je me cache derrière l'uchronie et le post-post-apo (et le Tyran sait qu'il gère au mieux, pas à la perfection).

**** : je ne me fais pas d'illusion : si un jour il y a "retour à la normale", ça ne sera pas avant 2022, et les conséquences socio-économiques ne seront pas résorbées alors.

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