L'oeuf, ou la poule ?

La réponse est bien entendu "l'oeuf", puisque les poules sortent des oeufs mais les oeufs peuvent donner autre chose que des poules...

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C'est moins évident quand on parle de personnage et d'histoire.
Ces réflexions m'ont été inspirées par un article d'Aline Wheeler (merci Touittère), sur l'existence potentielle des personnages hors de leur récit.

Dans mon souvenir, beaucoup de "vieilles" histoires SFFF (années 1950, on va dire) font passer l'histoire avant les personnages : ce que le lecteur "veut", c'est de l'aventure, du dépaysement (et là, je me dis que ça doit être valable aussi pour un certain nombre d'histoire non-SFFF aussi, d'ailleurs 🤔).
Ce n'est qu'à partir des années 80 (?*) qu'on commence à voir des personnages plus développés psychologiquement, qui ont des faiblesses et pas seulement des forces, qui s'éloignent du mythe gréco-romain du Héros.
Qui deviennent des personnes, en somme.

Et donc, pour tenter de répondre à la question soulevée par Aline, je vais dire "ça dépend de l'histoire".

Personnellement, à l'instar de Stephen King 😎, j'ai tendance à faire partir mon histoire de mes persos.
2 oeufs personnages,
100g de farine d'intrigue,
...
mélangez vigoureusement et observez écrivez le résultat.

Quand on a bien défini ses personnages, à mon avis, on n'a plus qu'à les suivre, en rajoutant un obstacle par-ci par-là, histoire de ne pas les laisser se reposer trop longtemps 😈
En conséquence, je visualise très bien ce que peuvent faire Paul et Carmilla** quand il ne leur arrive rien d'excitant (et je peux même dire que c'est le mode de vie qu'ils préfèrent). Ca m'arrive même de voir un film, un livre, une vitrine... et me dire "tiens, ça leur plairait bien, ça...".***

Pareil pour les personnages de mes autres projets de romans, encore que ça dépende aussi de l'âge du projet : pour ceux que je traîne depuis longtemps, comme Darkside, les caractères sont plus affirmés que, disons, pour des idées toutes neuves comme Symbiotes ou Le Dératiseur.

En revanche, pour ce qui touche aux nouvelles, je pense que l'approche inverse est meilleure, au sens "le protagoniste est là pour servir l'histoire avant tout". En effet, la nouvelle, par nature, est censée être quelque chose de complet, qu'on peut appréhender sans aucun pré-requis et dont la fin est définitive, fermant toutes les portes qu'elle a ouvertes****. D'ailleurs, beaucoup des "vieux textes" que j'évoquais plus haut sont des nouvelles, souvent parues dans des magazines pulp.

Bref, dans la nouvelle, c'est l'idée principale/l'intrigue qui doit avoir la priorité. Parfois, ça peut impliquer un développement psychologique notable des personnages, mais souvent, ils se résument à leur fonction dans l'histoire : "le héros", "le mentor", "le méchant". Ils sont donc réduits à un état d'outil (ce qui ne veut pas dire que l'histoire sera plus mauvaise à cause de ça - c'est même souvent le contraire, selon moi*****) et, en conséquence, manqueront certainement de la profondeur qui leur permettrait de "survivre" en dehors des limites de leur récit.
(Je précise au passage que je ne respecte pas forcément cette règle 😳... et que ça n'est pas forcément à mon avantage 😳).

En tant que rôliste, c'est vrai que j'ai tendance à aimer donner un minimum d'épaisseur à mes personnages, quitte à les calquer au départ sur certains archétypes ou personnages préexistants - un squelette, en quelque sorte. J'en ai même certains pour qui j'avais prévu une certaine direction et qui, suite aux aventures vécues, ont finalement choisi un autre chemin, tout aussi intéressant (et qui me permet de recycler le chemin initial pour quelqu'un d'autre, du coup 😈).

Pour revenir au sujet, donc, dans la vie les histoires, il y a deux types de personnages : ceux qui peuvent avoir une vie hors de leur histoire, et ceux qui creusent 😛
Les miens ne creusent pas souvent - mais certains textes ont besoin de terrassiers 😉




* : la date est au pifomètre, c'est juste l'impression que j'en ai 😳 Ca colle peut-être aussi avec la mode des anti-héros qu'on a vu naître dans les années 90 🤔

** : pour ceux qui ne suivent pas 😛 : les héros de Ceux qui vivent du sang versé.

*** : j'ai quelques photos de vacances, sur ce blog, qui le confirment 😁

**** : il y a évidemment des exceptions - il y a des exceptions à tout 😉 - mais je parlerai là du cas général.

***** : je pense en particulier à l'anthologie de bit-lit Lune de miel, lune de sang : si j'ai lu sans problème la plupart des nouvelles (soit parce que je connaissais l'univers/les personnages, soit parce qu'elles étaient "assez bien écrites" pour que je ne sois pas perdue), il y en a quelques-unes où il me manquait visiblement des références et je sentais que je passais à côté d'une partie de l'histoire.

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