Imaginales 2019 : Des hommes mauvais...

Des hommes mauvais... dans le futur aussi ?


L'intitulé de celle-là était un peu flou, et ça a vite dévié vers la question de la nature du Mal, surtout que certains des romans présentés (celui de MF en particulier) n'avaient pas de vrai méchant. Pas inintéressant, ceci dit, même si ça s'est recoupé avec d'autres confs...

Comme tous les ans, avertissements de rigueur : je retranscris ici les notes que j'ai prises pendant la conf ; il est donc tout à fait possible que j'aie fait des contresens et tout à fait certain qu'il manquera des bouts 😁 (sans parler du côté décousu et de ma difficulté à me relire 😳). Les éventuels commentaires entre [ ] sont de moi, et les passages entre guillemets sont censés être des citations.

Intervenants : Béatrice Bottet (Je n'existe plus), Victor Dixen (Cogito), Manon Fargetton (Dix jours avant la fin du monde) et Loïc Henry (Les océans stellaires).

Modérateur : Jean-François Thomas.

De gauche à droite : VD, MF, BB, LH et JFT.


D'abord, une petite présentation...

BB : Elle publie surtout en Jeunesse, et écrit beaucoup sur l'Histoire et la mythologie grecque. Je n'existe plus tranche parce que c'est de la SF futuriste, mais c'est surtout du point de vue des lecteurs : elle a toujours écrit dans les deux genres, juste pas chez le même éditeur.

MF : Dix jours avant la fin du monde est un roman contemporain, dans lequel des lignes d'explosions scindent la Terre en deux, et la fin du monde est donc pour dans dix jours.

VD : Est-ce que la technologie corrompt les Hommes ? Il compare ça au mythe du bon sauvage de Rousseau. Dans Cogito, il aborde deux thèmes : l’écologie et l'Intelligence Artificielle, au sein d'une société dans laquelle l'éducation (le bac en particulier) a été privatisée. Il pose aussi la question du transhumanisme et du rapport à la technologie.

LH : Les océans stellaires est un space-opera, qui se passe dans un futur lointain où l'humanité a trouvé des portails qui mènent à d'autres planètes. Et soudain, ils rencontrent une espèce alien intelligente. 

Dans ces livres, l'avenir est sombre. Mais vous, êtes-vous optimistes ou pas ?

BB : Il n'y a pas de méchant, dans son livre. Ses persos sont des explorateurs de l'espace-temps, qui en rapportent ce qu'on leur a demandé. Les méchants le sont par bêtise plutôt que par méchanceté.
Elle espère que l'être humain ira vers sa propre amélioration. Elle souhaite un avenir serein et curieux, comme celui qu'elle a décrit, même si actuellement, la vie réelle est assez sombre.

VD : Il n'a pas de réponse à "est-ce que la technologie est bonne ou mauvaise". Il pense qu'il faut être actif sur le sujet, en revanche, notamment sur les réseaux sociaux.
Dans son roman, il pose la question de la valeur de quelqu'un dans la société quand 80% de la population n'a pas de travail. Il essaie de soulever des sujets d'actualité dans ses livres. Il parle aussi de Phobos (son précédent roman), qui traite des abus de la téléréalité, entre autres [sur le sujet*, je suggère de jeter un oeil sur cette vidéo].

MF : Elle a choisi de ne pas expliquer le pourquoi de ses explosions, car le sujet, c'est les dix derniers jours des personnages. Ceux-ci vont se trouver eux-mêmes, via leurs relations avec les autres. Elle travaille aussi comme régisseuse, et compare ça à la mise sous les projecteurs de ses personnages.

LH : Sur Terre, l'Homme n'a pas de concurrent, il domine partout, il s'adapte à presque tout. Imaginons maintenant une planète où il existerait une espèce dominante par type de terrain (...ce qui serait le cas de la Terre si les humains n'existaient pas). L'Homme a construit son développement selon ce principe, son seul concurrent est lui-même, d'autres groupes d'Hommes. 
S'il existe plusieurs espèces dominantes, il faut de la coopération. Dans son roman, toutes les espèces ont basé leur évolution sur la coopération, alors que les humains sont sur la compétition [ça me rappelle une nouvelle d'Asimov, Aimables vautours, dans laquelle des extra-terrestres s'attendent à la fin de l'humanité parce que nous sommes une espèce compétitive].

Le Mal est-il intrinsèque ? Puisqu'il n'y a pas de méchant dans ces quatre histoires (à part peut-être chez LH)...**

BB : Il peut y avoir des accidents du destin, c'est ce qui arrive à ses personnages.

MF : Qu'est-ce qu'un homme méchant ? Trump, par exemple ? Pour elle, un personnage, même "méchant" n'est pas intéressant s'il n'est pas au moins un peu humain.

VD : Dans les contes et les histoires de super-héros, il y a des vrais méchants.

LH : Les personnages qui n'ont que des qualités ou que des défauts, ce n'est pas intéressant. Et il y a deux notions de méchanceté : individuelle et collective. Il n'y a pas beaucoup d'individus méchants, mais quand ça devient collectif, ça le préoccupe plus. Si on regarde l'Histoire, on voit qu'il n'y a aucun endroit ni aucune période pendant laquelle il n'y a pas eu de guerre quelque part. Tout le monde veut être heureux individuellement, mais les actions collectives ne vont pas dans le même sens [peut-être parce que tout le monde n'a pas la même notion du bonheur ?]. Bref, il est pessimiste sur les groupes, mais pas sur les individus.

Est-ce qu'il y a davantage de méchants dans vos histoires passées ou vos projets futurs ?

BB : Elle s'inspire surtout de la SF des années 50 et 70, l'époque Heinlein et Bradbury, où il y a peu d'explications [scientifiques]. Elle aime ce côté "l'imagination au pouvoir", même si ce n'est pas scientifiquement faisable. "C'est la bêtise qui nous mène au chaos, une individualité égoïste". 

Comment se passe la coopération, dans vos livres ?

MF : Elle ne se passe pas partout ni pour tout le monde, mais elle passe par la connexion avec les autres êtres humains.
Elle a des méchants dans son tout premier roman et dans Les illusions de Sav-Loar, où c'est un psychopathe sadique, soit seulement deux sur seize romans.

VD : Il faut inventer, dans le monde réel, une nouvelle forme de coopération, si on veut enrayer les inégalités créées par la technologie. "C'est ça ou l'extinction" [😱].

LH : Une histoire vraie : sur l'île d'Auckland, deux bateaux ont fait naufrage en même temps, un à chaque bout. Sur un groupe de dix-neuf où régnait le "chacun pour soi", seuls trois ont survécu [je crois qu'il a mentionné un capitaine au comportement de dictateur] ; les cinq de l'autre groupe ont coopéré et ont tous survécu [apparemment, c'est évoqué ici]. Les humains sont "câblés pour coopérer" mais ça ne fait pas tout.

Peut-être que la taille du groupe joue ?**

LH : Oui pour ce qui est des votes, mais quand on est plusieurs, on peut mieux faire des sous-groupes pour répartir les tâches.

Il existe des gens naturellement mauvais ?***

VD : Un être naturellement mauvais, s'il existe, ça relève de la pathologie.

BB : C'est l'environnement qui influence les gens vers tel ou tel comportement. Et la malveillance vient de la bêtise.

MF : Si ça existe, ça relève de la psychiatrie, mais ça peut être intéressant à écrire [😈].


**edit 13/09/19** : J'ai finalement acheté Cogito, on verra ce que ça donne...




* : de la téléréalité, pas de Phobos 😉

** : question de ma part 😎

*** : question posée par quelqu'un du public, je n'ai pas vu qui 😳

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