Noir d'Absinthe : l'Enquête de police

La semaine dernière, je suis allée au Dernier Bar Avant la Fin du Monde, pour y fêter le premier anniversaire de Noir d'Absinthe, la maison d'édition fondée par Dorian Lake, un camarade Grenouille. J'ai complètement oublié de prendre des photos 😳 mais, en revanche, j'ai noté plein de trucs pendant les deux conférences auxquelles j'ai assisté à cette occasion.

L'affiche de l'évènement. Certains intervenants n'ont pas pu venir (mais ce n'était pas très grave, ça a donné plus de temps aux autres 😉)


Comme d'habitude, avertissements de rigueur : je retranscris ici mes notes, il est donc tout à fait possible que j'aie fait des contresens et tout à fait certain qu'il manquera des bouts 😁 (sans parler du côté décousu et de ma difficulté à me relire 😳). Les éventuels commentaires entre [ ] sont de moi.


La cohérence policière dans un récit de fiction



Cécile Pommereau, autrice de Immortel Ad Vitam*, est flic (selon ses propres mots - je ne crois pas qu'elle ait donné son grade). Elle travaille notamment dans des enquêtes "ordinaires", et a aussi fait partie de la brigade de répression du proxénétisme.

Parmi les premières choses qu'elle nous a annoncées, il y a, d'une part, que le langage policier est plein d'acronymes et d'argot (comme "mec" pour "mis en cause"**) et que ce vocabulaire évolue assez vite d'une génération à l'autre ; d'autre part, que l'organigramme de la profession est plutôt complexe. 
Par exemple : 
  1. au rang "le plus bas", il y a le commissariat, avec ses policiers en tenue et la BAC (brigade anti-criminalité).
  2. au niveau supérieur, on trouve la Sûreté Territoriale ; il y en a une par département, et elle intervient pour les "gros trucs".
  3. au-dessus, enfin, les Brigades Centrales [qui font partie de la Police Judiciaire, si j'ai bien compris], qui sont localisées à Paris. Elles sont réparties entre Crimes, Banditisme, Proxénétisme, Mineurs...
Autre point : le grade n'a rien à voir entre le fait d'être policier en tenue ou en civil (ces derniers relevant de la PJ). Les enquêtes se font par groupes de cinq ou six membres de la PJ, dont le chef a un grade d'officier.

Une enquête commence par une plainte ou par une intervention de la police (comme une arrestation...). Les comptes-rendus doivent être très clairs, pour que le magistrat en charge n'ait pas de doutes.
Les Gardés à Vue sont soumis à plusieurs auditions, sachant que la première est souvent là pour les pousser à l'erreur [au sens : leur mettre le nez dans leurs incohérences] 😈

La police est censée recevoir toutes les plaintes ; en revanche, il faut que ça relève bien du pénal (= que l'offense soit bien caractérisée par le code pénal), ce qui peut expliquer que les choses du genre "mon voisin me fait chier délibérément" restent sans suite [mais j'ai connu plusieurs cas de flics qui refusaient de prendre la plainte ou même de déposer une main courante 😡].

L'ambiance est plutôt familière, et il y a peu de vouvoiement (sauf avec les plus hauts gradés). Selon l'expérience de l'autrice, il y a peu de sexisme ou d'homophobie, mais un peu de machisme - et beaucoup de blagues de Q !
En revanche, un certain nombre de choses peuvent changer selon la situation géographique, ce n'est pas la même chose à Versailles ou dans le 9-3 ! Notamment, il n'y a pas assez d'effectifs dans les endroits difficiles... parce que personne ne veut y aller ☹️

Quoi qu'il en soit, quand on écrit une enquête policière, la meilleure chose à faire est de se renseigner auprès de vrais flics, pour s'assurer d'être cohérent.

Pour la suite, nous (le public) avons posé quelques questions et obtenu quelques exemples :

Si on menotte toujours les gens par derrière, c'est parce que la personne en question peut rester dangereuse lorsqu'on le fait par devant (comme étrangler quelqu'un, un classique 😈). Si jamais le Mec n'est pas assez souple ou est trop baraqué... on utilise deux paires de menottes, attachées l'une à l'autre (pour donner plus de "mou"). Il y a aussi les cas où le Mec est manchot, blessé... ou a les poignets trop gros*** 😲

Les policiers peuvent aussi choisir de "se montrer gentils" et de ne pas respecter la règle de la procédure : par exemple, laisser fumer un prévenu dans le bureau ou dissimuler des menottes (attachées devant 😉) sous un manteau pour cacher l'arrestation aux enfants.

L'autrice n'a jamais dû sortir son arme sur le terrain en douze ans de carrière, et ce n'est arrivé qu'à un seul de ses collègues. Si jamais un flic est contraint de tirer, il doit subir une procédure de garde à vue, comme n'importe qui. 

Chaque policier a droit à trois séances de tir par an, de trente cartouches. Ca ne fait pas beaucoup, mais c'est surtout pour garder les "bons réflexes" appris à l'école de police, où ils tiraient toutes les semaines.



Bref, cette conférence était très instructive (et un peu intimidante, au sens "mais c'est super difficile d'écrire une bonne enquête ! 😱"), et si jamais je me lance là-dedans, je n'hésiterai pas à contacter Cécile Pommereau pour qu'elle me bêta-lise 😉



* : aucun rapport avec le film éponyme d'Enki Bilal, pour autant que je sache 😁

** : donc j'imagine qu'on peut avoir des mec de genre féminin 😛

*** : et là, j'imagine Joshua 😈

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