Background : Azildarian

Bon, n'étant toujours pas remise des excès du Nouvel An*, je vais ressortir un de mes fonds de tiroirs, un background de personnage écrit pour le jeu de rôles Pathfinder : Azildarian, un prêtre d'Abadar. Ce perso ayant été créé pour la campagne "Curse of the crimson throne", certains éléments, comme le "Fagin" Gaedren Lann, étaient imposés - ce qui donne ce côté mélo au texte 😁

L'histoire d'Azildarian aurait pu être celle de n'importe quel orphelin des rues de Korvosa. Une histoire cruelle, pleine de mépris, de privations et d'espoirs brisés. Et courte.

Mais l'on dit que Desna veille sur les Varisiens, et c'est pourquoi cette histoire-là connut un tour plus heureux.

Azildarian perdit ses parents vers l'âge de six ans. L'on ignore s'ils l'avaient simplement perdu de vue sur un marché et jamais retrouvé, ou s'ils avaient connu une fin plus tragique, laissant ainsi leur fils à la merci des dangers de la ville. Toujours est-il que le petit garçon se retrouva bien trop tôt livré à lui-même, contraint de mendier et voler pour survivre.

Un jour, un vieil homme - il paraissait incroyablement vieux à l'enfant - vint trouver Azildarian dans la cachette où il se réfugiait chaque soir. Il lui parla doucement, plus gentiment que n'importe qui ne l'avait fait depuis la perte de ses parents, et lui proposa un lit et des repas chauds s'il voulait bien le suivre jusque chez lui. En échange, il faudrait, bien entendu, rendre quelques menus services, mais rien de bien méchant.

Azildarian n'était pas si naïf, mais il avait très faim, aussi décida-t'il de suivre le vieil homme, qui se nommait Gaedren Lamm, et de devenir un de ses "petits agneaux".

Les premiers jours, ce fut tel que Lamm lui avait promis : des repas chauds, une paillasse à l'abri du vent et de la pluie, et personne pour les lui disputer. Mais ensuite, il fallut commencer à rendre les "menus services" promis, et Lamm était de moins en moins tendre envers ceux qui ne parvenaient pas à accomplir la tâche qu'il leur avait assignée.

Les Varisiens ont beau avoir la réputation d'être agiles, gracieux et charmeurs, ce n'étaient hélas pas les points forts du pauvre Azildarian. Non qu'il fût si maladroit ou repoussant, mais ses talents n'allaient simplement pas dans cette direction, et il se révéla beaucoup plus doué pour compter l'argent et le cuivre ramené par les larcins de ses camarades que pour se le procurer lui-même.

Les mois et les années passèrent, et le statut d'Azildarian parmi les "petits agneaux" ne s'améliorait pas. Oh, on pouvait lui confier des tâches simples, celles qu'on réservait aux nouvelles recrues, mais même si celles-là il pouvait les mener à bien, elles n'étaient pas très estimées de Lamm, et celui-ci le regardait souvent comme une bouche inutile à nourrir.

Un beau jour, alors qu'il faisait le guet dans PointeNord, Azildarian entendit deux hommes discuter. Ils sortaient de l'église d'Abadar et débattaient du sermon qui venait d'être délivré par l'officiant - car on était Soldi. Cela parlait de l'or donné par le Banquier Céleste à ceux qui Le vénéraient, et de la protection qu'Il accordait à ceux qui suivaient Ses lois. Impressionné, l'enfant fut tenté de les suivre mais il savait quelle serait sa punition pour avoir abandonné son poste, aussi resta-t'il à sa tâche. Mais dès le lendemain, il décida de profiter de tout le temps libre qu'il pouvait grappiller pour se renseigner sur ce dieu qui promettait tout ce qui manquait dans sa vie à lui.

Les mois et les années passèrent. Azildarian assistait aussi souvent que possible aux offices d'Abadar. Comme il en profitait aussi pour demander l'aumône à la sortie du temple, Lamm et les autres "agneaux" ne s'intéressèrent pas trop à ses absences. Un jour, il trouva dans sa sébile une petite clé de cuivre jaune, semblable à celle que portaient les prêtres et les fidèles - encore que les leurs soient plutôt d'or ou de vermeil. Voyant cela comme un signe du Ciel, il la glissa sur un lacet de cuir et la mit autour de son cou, bien cachée sous ses vêtements.

Ce fut peut-être le cordon de cuir ou alors l'air de satisfaction qu'il ne pouvait complètement dissimuler, mais lorsque Azildarian rentra ce soir-là, Lamm vit tout de suite que quelque chose avait changé chez son "agneau" et que celui-ci était en train de lui échapper.

Le vil vieillard attendit patiemment que les enfants finissent leur repas et commencent à quitter la pièce. Lorsque ce fut le tour d'Azildarian, Lamm l'attrapa par le col et s'exclama :
- Mais qu'avons-nous là ? Azil s'est offert un collier et n'en a parlé à personne ?
- Je l'ai trouvé ! Se défendit Azildarian en se débattant.
- Trouvé ? Alors pourquoi n'en as-tu pas parlé à Tonton Lamm et ses petits agneaux ?
Mais Azildarian ne pouvait pas lui répondre la vérité : "Parce que je savais qu'on me la prendrait", alors il se contenta d'un "J'ai oublié".
- Eh bien tu sais ce qui arrive à ceux qui oublient un peu trop souvent, répondit Lamm avec un sourire mauvais.

D'un coup sec, il arracha le pendentif et le jeta dans le feu. Sans réfléchir, Azildarian bondit vers l'âtre et tendit la main pour rattraper son trésor. La petite clé était déjà brûlante et avait commencé à fondre, mais il ne la lâcha pas malgré la douleur cuisante qu'elle avait fait naître dans sa paume. Voyant cela, Lamm, qui avait commencé à rire du geste de son "agneau", se mit dans une colère noire et, au lieu de sortir la badine qu'il réservait aux enfants trop paresseux ou trop peu doués, il prit le gourdin de chêne qu'il gardait pour ceux qui avaient commis des crimes plus graves, comme le voler ou lui tenir tête.

Il frappa, frappa, frappa, jusqu'à ce que le pauvre Azildarian ne soit même plus en état de demander grâce. Quand il en eut assez, il appela deux des plus vieux de ses "agneaux" et le fit jeter dehors.

Mais assurément, Abadar veillait sur lui, car un marchand Varisien qui passait par là aperçut l'éclat doré de la clé de laiton qu'Azildarian n'avait pas lâchée et s'approcha du tas de détritus sur lequel on avait jeté le garçon. Quand il vit que l'enfant était toujours en vie, il demanda à son garde de le porter et tous deux l'emmenèrent prestement au temple, où les acolytes s'empressèrent de le soigner.

Lorsqu'il reprit connaissance à l'infirmerie du temple, Azildarian se crut au Paradis : il était sur un lit moelleux, dans les draps les plus doux qu'il ait pu toucher depuis des années, et une chemise de nuit blanche et propre avait remplacé la tunique informe qui avait été son seul vêtement depuis trop longtemps. Autour de lui se dressaient des murs blancs et or parés de la Clé d'Abadar et, tout de suite, il sut qu'il ne voudrait jamais quitter ce havre de paix et de sécurité.

L'un des infirmiers avait reconnu en lui le petit mendiant qui quêtait parfois à la sortie des offices. Il s'amusa d'abord de voir comme l'enfant refusait de se séparer de sa petite clé à moitié fondue. Mais quand il vit la marque que celle-ci avait laissé dans la paume d'Azildarian, il blêmit et alla promptement alerter ses supérieurs.

Quand l'un de ceux-ci vient demander à l'ex-agneau ce qui lui était arrivé, ce dernier fut pris de crainte et n'osa pas parler de Lamm. Il raconta simplement que de méchantes gens avaient voulu lui prendre sa clé et qu'ils l'avaient battu quand il avait voulu la reprendre. Le prêtre vit bien que l'enfant ne disait pas tout, mais il sentit que c'était la peur et l'évocation de ce souvenir terrible qui en étaient la cause, et non le mensonge et la duplicité. Emu par son histoire, il en toucha un mot à son propre supérieur, le Banquier Tuttle, et l'Eglise d'Abadar compta bientôt un enfant de choeur supplémentaire.

Quelques années plus tard, personne ne fut surpris quand Azildarian reçut l'illumination et rejoignit les novices du temple.

Voilà voila. A part ça, je ne suis pas restée les bras croisée depuis le début de l'année... sauf en ce qui concerne l'écriture 😖 Je vais tâcher de m'y remettre pour la semaine prochaine, promis !**




* : n'allez pas vous faire des idées, je parle juste du manque de sommeil 😫

** : je promets de tâcher, pas d'y arriver, hein 😈

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