Noir d'Absinthe : le Vampire au féminin

Seconde et dernière des conférences du premier anniversaire de Noir d'Absinthe. Intéressant même si ça a pas mal dévié sur le personnage de la sorcière (qui a des points commun) - peut-être parce que deux des intervenantes prévues n'ont pas pu venir. 

Je remets l'affiche comme la dernière fois 😉

Comme d'habitude, avertissements de rigueur : je retranscris ici mes notes, il est donc tout à fait possible que j'aie fait des contresens et tout à fait certain qu'il manquera des bouts 😁 (sans parler du côté décousu et de ma difficulté à me relire 😳). Les commentaires entre [ ] sont de moi.

Intervenants : Cyrielle Bandura et Dorian Lake.
Je n'ai pas pu noter le nom de la modératrice de la conférence, juste qu'elle est membre du comité de lecture de NdA. 


Qu'évoque le personnage du vampire, pour vous ?

CB : Le vampire est fascinant, séduisant, mais bestial avec sa soif de sang.

DL : Les vampires d'Anne Rice, ils sont hors du temps, subversifs, fascinants.

Quelle différence y a-t-il entre un vampire masculin et féminin ?

CB : Au fil des siècles, il y a une androgynisation, la différence de sexe s'estompe, le genre est surtout présent pendant la "jeunesse" du personnage.

DL : Les codes de la virilité ont changé avec le temps. Un comportement masculin à une époque peut être vu comme féminin maintenant. L'image du vampire varie selon l'époque où il est décrit.

Quelle est la place du vampire féminin dans les arts ?

DL : C'est Dracula qui l'a introduit*, avec les personnages de ses trois femmes et de Lucy. Le film de Coppola a insisté sur la place des femmes dans l'histoire, notamment avec Mina Harker.

CB : Il y a une dualité entre la femme victime et la femme putain, qu'on retrouve dans Carmilla. Et celle-ci [comme je l'ai souligné 😛] est aussi une victime de ses propres sentiments envers sa proie.

DL : Dans La fiancée de Corinthe, de Goethe, de jeunes hommes se font voler leur vie par des femmes vampires. Les personnages de femmes vampires ont aussi tendance à "manger" des enfants, on leur associe souvent ce trait. 
Il y avait beaucoup d'infanticides, à l'époque victorienne, car les femmes étaient les seules responsables légales de leurs bâtards [y compris en cas de viol...] ce qui peux expliquer cette association.

CB : On retrouve des dieux et des démons avec des caractéristiques vampiriques en Mésopotamie antique. Il y a aussi la figure emblématique de Lilith, qui ne voulait pas se soumettre à Adam.

DL : Il y a aussi le mythe de la goule [créature mangeuse de cadavres bien connue des fans de Lovecraft], qui est apparu dans les Mille et Une Nuits, avec le personnage d'une jeune épouse qui mange peu pendant les repas mais quitte son foyer en secret pendant la nuit pour aller se nourrir de chair humaine.

CB : D'autres créatures sont apparentées aux vampires, comme les Lamies et les Furies, qui ont également tendance à dévorer des enfants et à s'en prendre aux femmes enceintes.

DL : Il y a aussi les succubes, et les sorcières, surtout si ces dernières pratiquent le "cannibalisme magique".
Sans oublier le fait qu'avec l'avènement du christianisme, les femmes ont perdu leur accès au sacré. 

CB : Les vampires ont été dissociés des sorcières vers le XVIIIe siècle [le mot "vampire" est arrivé en France vers cette époque]. Quelque part, la femme vampire est arrivée bien avant l'homme vampire.

Pourquoi les vampires sont-ils populaires ?
[La question a été posée, mais il n'y a pas eu vraiment de réponse de donnée, DL et CB sont plutôt revenus sur ce qui avait été abordé avant]

DL : Le vampire boit le sang et/ou l'énergie vitale. La vampire est une vile tentatrice, mais le vampire est un dandy séducteur. Jusqu'à l'arrivée d'Anne Rice [c'est la plus connue, mais je ne suis pas certaine que ce soit bien la première], le vampire était un ennemi et non un protagoniste.
Dans le film The Hunger (Les Prédateurs en VF**), le personnage féminin est l'aînée, c'est elle qui a donné l'immortalité à son compagnon mâle, et celui-ci se met à vieillir quand elle commence à moins l'aimer.

[Question de ma part 😉] Il y a beaucoup d'exemples de protagonistes vampires, mais ce sont presque toujours des hommes (face à des femmes humaines) - ne serait-ce qu'en bit-lit.

[... et je ne me rappelle plus qui a répondu 😳] : Il existe de bons personnages de femmes vampires, mais ce sont presque toujours des personnages secondaires, voire tertiaires. Il existe aussi de bonnes histoires avec des personnages principaux de femmes vampires, mais ce sont souvent des films d'auteur ou des romans peu connus, "à diffusion confidentielle". 

DL : NdA a quelques histoires en projet avec des personnages de vampires féminins forts.
Le vampire peut aussi être vu comme une métaphore de la prostitution et de l'usurier (et donc de l'antisémitisme), car il "consomme les ressources (donc la vie) de l'homme".
Le vampirisme peut être une émancipation pour la femme, qui devient une "méchante" parce qu'elle se venge du patriarcat. Le concept de la "méchante femme vampire" peut être un fantasme patriarcal pour "justifier" que les femmes émancipées sont dangereuses.



* : ce n'est pas le mot que DL a employé, mais mes notes sont floues à ce sujet 😳 Pour information, le personnage de Carmilla (pas la mienne, celle de J. Sheridan Le Fanu 😁), est antérieur, et je ne suis pas sûre qu'elle soit la première vampire de roman.

** : il faudra que je le voie un jour 😳

Commentaires